[Acte 3] Les Ouvreurs : travailleurs de l’ombre ! (par Michel Périn)

Michel Périn vous emmène à Antibes pour le dernier épisode consacré aux ouvreurs...

Acte 3 - Le Rallye d’ANTIBES 1996

Mon rôle de navigateur en RallyeRaid me laisse du temps libre et l’activité de copilote-ouvreur aux cotés de Patou MAGAUD me plait bien.

Nous avons tous les deux la même approche de la course, et imaginons - en cas de programme officiel en Championnat de France des Rallyes l’année suivante - qu’ouvrir l’une ou l’autre manche des épreuves auxquelles nous rêvons de participer ensemble est un bon entrainement.

Pendant cette année 1996, j’ai donc accompagné Patou, retenu comme ouvreur de l’équipage DELECOUR/GRATALOUP engagé sur une PEUGEOT 306 MAXI en remplacement de François CHATRIOT (ce dernier mettant un terme à sa carrière de pilote).

Nous sommes au Rallye d’ANTIBES, à quelques heures du terme de l’épreuve.

Il reste deux épreuves chronométrées : l’ES « Col de St RAPHAEL » suivie (sans possibilité d’assistance) de l’ES « ASCROS/TOUDON ».
Nous « ouvrons » ces 2 ES sur terrain sec…mais sous de menaçants nuages.

Il n’est pas encore l’heure de joindre par téléphone mobile Daniel GRATALOUP, et je propose à Patou de faire demi-tour, pour se poster dans les premiers kilomètres de la dernière ES, avec deux conséquences positives :

 nous serons aux premières loges pour juger des conditions de routes.
 nous pourrons panneauter note équipage, qui part 1 minute derrière le regretté Philippe BUGALSKI copiloté par Jean-Paul CHIARONI sur une RENAULT MEGANE MAXI.

En quelques minutes, les vannes du ciel s’ouvrent et - à l’endroit ou nous sommes postés, la chaussée est détrempée.

Il n’est plus question pour nous de bouger, car la voiture tricolore vient de passer devant nous !

A l’heure prévue sur le plan d’ouverture je contacte Daniel à qui j’annonce la situation ainsi que les corrections dans les notes (nouvelles zones de gravier, plaques de goudron noir, etc…).

L’équipage est au Parc d’Assistance de PUGET THENIERS….ou il fait grand soleil, et il parait clair que Daniel ne parvient pas à décider François à monter des pneus « Pluies ».

Je demande à Patou d’échanger avec DELECOUR, qui lui décrit la situation en des termes imagés que je n’oublierai pas : « je me lave les mains dans une flaque »

Petite erreur de frappe pour DeLECOUR ;-)

Et ça marche, les pneus « pluies » sont finalement montés, et François et Daniel rentrent ensuite leur voiture dans un court parc de regroupement précédent l’ultime affrontement, sous les yeux ébahis de leurs adversaires, car ils sont les seuls à avoir monté des « pluies » !

A ce moment de la course, la PEUGEOT 306 MAXI de notre équipage est 18’’ derrière la RENAULT MEGANE MAXI concurrente….et nous, dans la montagne, n’en menons pas « large » …si vous voyez ce que je veux dire…..en cas de boulette, la célébrité nous guette 🤕 .

Dans la première des deux ES finales (partiellement mouillée), les deux équipages sont strictement ex aequo, puis dans la dernière ES, nous panneautons « notre » PEUGEOT à « - 5 secondes » après seulement quelques kilomètres parcourus….tout reste donc possible !

A l’arrivée DELECOUR/GRATALOUP sont 21’’ plus rapides que la RENAULT …et remportent l’épreuve pour 3 minuscules secondes 🏆.

Inutile de vous dire que la troisième mi-temps ne fut pas vraiment triste 🤡.

Texte :Michel PERIN
photos : archives / Michel Périn
photos article : équipage Delecour/Grataloup

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