MAXI Anecdotes - Acte 1 - Critérium de Touraine 1985

Michel Périn continue d’égrener quelques souvenirs pour NCR et vous raconte aujourd’hui quelques anecdotes de sa période RENAULT MAXI 5 Turbo Groupe B aux côtés de François Chatriot :

L’année 1985 est ma seconde année de copilotage professionnel aux cotés de François CHATRIOT au sein du Team DIAC/Renault COMPIEGNE dont le Team-Manager n’est autre que Jean-Francois LIENERE.

L’enthousiasme en ce début d’année est de rigueur car la voiture évolue : nous passons de la RENAULT 5 Turbo "Tour De Corse" (300CV/34mkg pour 930kg) à la nouvelle MAXI 5 Turbo (350 CV/43mkg pour 905kg) : une véritable catapulte !

Je vous propose quelques anecdotes de cette glorieuse période…..c’était il y a 35 ans !

Acte 1 - CRITERIUM de TOURAINE 1985

- Reconnaissances dans la bonne humeur !

La 1ère épreuve du championnat de France des Rallyes 1985 est le Critérium de TOURAINE (9 et 10 Mars).

A cette mémorable époque, les reconnaissances sont totalement libres, et - cerise sur le gâteau - les « mulets » équipés de pneus racing sont d’usage courant dans les équipes professionnelles .

Quand les ES sont nouvelles, nous avons pour habitude de prendre les notes avec une voiture de série en journée….puis d’en affiner les détails aux commandes de notre « mulet » (R5 Turbo "Tour de Corse" - auto de course de l’année précédente), entretenue par un technicien et son camion d’assistance qui nous accompagne tout au long de l’année.

François et moi décidons donc de prendre nos notes une dizaine de jours avant l’épreuve avec une R5 Alpine totalement de série.
Ainsi débarrassés du contrôle des cases d’un Road-Book très dense en terme de quantité de carrefours, nous avons la possibilité de « limer » la route avec notre « mulet » en toute sérénité.

La semaine suivante, lorsque nous entamons la seconde session de recos, Jean RAGNOTTI et le regretté Pierre THIMONIER, inscrits sur la MAXI 5 Turbo de RENAULT SPORT, nous rejoignent et nous demandent de pouvoir faire un tour complet des épreuves spéciales derrière nous, afin de s’exonérer du fastidieux mais indispensable contrôle de la validité du parcours à l’aide du Road-Book.

Nous voila donc partis à une allure assez soutenue permettant à Jeannot d’évaluer les difficultés, mais également assez raisonnable afin que Pierre puisse écrire ses notes confortablement.

Au bout de quelques kilomètres, germe dans nos esprits l’idée « canaille » de ne plus suivre le parcours et de laisser libre cours à notre inspiration du jour…..bien sur, au bout de quelques kilomètres nous « atterrissons » dans une cour de ferme, faisant face à une agricultrice avec balai à la main, et sortons hilares de notre "5 Turbo" …sous le regard étonné de Jeannot (qui n’est pas le dernier à faire des blagues) qui comprend très vite la supercherie ….et de Pierre qui - une fois l’effet de surprise passé - éclate lui aussi de rire !

Nous reprendrons bien entendu le cours sérieux de nos recos et débarrasserons Pierre de cette tache ingrate qu’est le contrôle minutieux du tracé sur ce type de terrain !

- Comment pointer à l’heure au CH ….sans l’auto !

Cette épreuve est constituée d’une succession d’épreuves spéciales suivies d’un Parc d’Assistance principal installé dans le très beau village de l’ILE BOUCHARD.

Rappelons que c’est la toute 1ère sortie de l’auto en course et que - inévitablement - quelques soucis de fiabilité sont à prévoir.

Alors que nous sommes dans le coup pour la victoire face à FREQUELIN et RAGNOTTI, la waste-gate de notre turbo (qui régule le niveau de pression de suralimentation limitée à 2,5 bar) fait des siennes et se bloque parfois sur 3,0 Bar….ce que n’aiment pas vraiment les bougies !

Nous rentrons donc au Parc d’Assistance avec entre autres au programme : un changement de bougies dont une est cassée à la base de la culasse ….scrongneugneu…..je vois notre équipe technique s’affairer et « galérer » pour extraire cette fichue bougie.

L’heure tourne et je comprends que quelques minutes de pénalités sont probables.

Je préviens le »Chat » et rejoins le CH de sortie de Parc situé à proximité, sans l’auto, attendant sagement mon heure idéale.

Comme je le craignais pas de MAXI 5 DIAC à l’horizon quand l’aiguille du chronomètre officiel « rentre » dans ma minute de pointage.

Je garde mon sang froid et décide de tenter de pointer sans l’auto……après tout, je ne risque qu’un refus du commissaire !!

Il y a grande foule, des autos de course partout, beaucoup de bruit et d’agitation….et le pointage à l’heure idéale ⏱ se fait sans problème …Caramba 🤫….maintenant il va falloir jouer serré au départ de l’ES suivante.

François arrive avec 3 minutes de retard et traverse (très discrètement) la zone de pointage en suivant scrupuleusement mes recommandations.

Nous parcourons la 1ère ES du second tour sans problème et rejoignons l’assistance volante précèdent l’ES suivante.

Pendant ce court instant d’arrêt, nous avons la « visite » de Jochen BERGER (ancien copilote du grand Walter RORHL et Team-Manager du Team OPEL), dont le véhicule d’assistance est installé juste avant le CH précédent le départ de l’ES, qui me pose la question suivante : 🧐 Kompien te minut te Benalité afé fou bri sil fou blai ????

Ben « zéro » mon capitaine 🧐…..je vous laisse imaginer la tête du teuton 😳 : « ach, ze n’est ba bossibel » me répond-t-il, avant d’aller faire son rapport au Grizzli 🤣.

Quelques instants plus tard, alors que je me remonte à pied et casqué la file de voitures jusqu’au CH, en passant à hauteur de l’OPEL MANTA 400, je sens le bras ganté de son pilote m’attraper vigoureusement avec la volonté de me faire avouer la supercherie 🤣.

Je ne lui dis rien, vous pensez bien, et François - qui assiste à la scène depuis son siège baquet - se pisse dessus de rire 😂.

Je fais quand même remarquer au Grizzli de Haute-Marne que - si j’ai bien lu le règlement - son véhicule d’assistance est à moins de 300m du CH….ce qui n’est « ba gorrekt » ….Guy me lâche aussitôt et hurle à TILBER (son copilote) de lui montrer le règlement de l’épreuve illico presto …..vous avez dit ambiance🤡 ?

Le hasard de la technique de l’époque fait que la fréquence radio de notre équipe DIAC est identique à celle de l’organisation…..et nous entendrons à chaque CH, le concurrent N°2 (le sieur FREQUELIN) demander officiellement à vérifier l’heure de pointage du N°3……..l’incontinence nous guette 🤣.

Notre abandon un peu plus tard (toujours pour le même soucis de bougies qui cassent), mettra un terme à ce 1er WE de course de l’année.

L’épilogue de cette anecdote est sympa puisque quelques jours plus tard, - arrivant à l’hôtel « Chez Maurice » à PONT D’HERAULT, pour entamer les reconnaissances du Rallye des GARRIGUES - je croise Guy FREQUELIN qui m’avoue que si j’avais été à ses cotés, il aurait apprécié que je tente ce coup là 🤙.

Guy FREQUELIN deviendra en 1992, et pendant 12 ans, mon exceptionnel patron chez CITROEN.

L’acte 2 nous emmènera au Rallye des GARRIGUES 1985 et 1986. (-> Lire la suite...)

@ suivre....

Texte :Michel PERIN
photos : archives / Michel Périn

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