Peugeot : 125 ans de sport automobile (3/3)

Peugeot célèbre cette année les 125 ans de son investissement en sport automobile - En voici le 3e et dernier épisode :

Avec la disparition des groupes B, le sport automobile tournait l’une de ses plus belles plages et laissait un goût d’inachevé. Cependant les redoutables 205 Turbo 16 n’avaient pour autant pas dit leur dernier mot. La réglementation peu contraignante des rallyes raids allaient offrir un nouveau terrain de jeu pour l’équipe Peugeot Talbot Sport. Une fois de plus, Jean Todt ne lésinait pas sur les moyens et l’armada Peugeot allait assoir sa domination sans partage sur la discipline avec 4 victoires (3 pour Vatanen et 1 pour Kankkunen) avec les 205 Turbo 16 et 405 Turbo 16 Grand Raid qui dérivait largement de la 205.

Toujours en 1987, Jean Todt décidait d’inscrire ses lionnes à la plus atypique course de côte du monde : Pikes Peak. Audi dominait cette épreuve depuis deux ans avec une redoutable Quattro S1. Pas question pour Peugeot de laisser à la marque allemande le monopole de la victoire en terre américaine. La première tentative se soldait par une frustrante 4èmeplace. Avec une 205 Turbo 16 profondément remaniée et en constante amélioration, Ari Vatanen ne fut pas loin de l’exploit avant qu’un vulgaire collier de serrage de turbo ne vienne contrecarrer ses plans. Victime d’une perte de puissance, le Finlandais voyait toute son avance s’envoler dans les derniers kilomètres. Piqué au vif, Todt revenait en 1988 avec la 405 Turbo 16.

Ari Vatanen survolait l’épreuve et établissait un nouveau record. [Vidéo ci-dessous] Il était sur le point de rééditer son exploit l’année suivante mais là encore un problème technique venait l’accabler.

La victoire n’allait cependant pas échapper à l’autre 405 Turbo 16 aux mains de Robby Unser. La 205 Turbo 16 allait également se distinguer en Rallycross avec 4 titres en Championnat d’Europe (1987-1990) et trois titres en Championnat de France (1988 à 1990). Le duel de la saison 1989 fut même somptueux entre la 205 Turbo 16 Evo. 2 de Philippe Wambergue (engagée par le G.P.A.C.) et la Lancia Delta S4 de Bruno Saby. Mais à cette époque, l’équipe Peugeot a déjà d’autres ambitions : les courses d’endurance et la victoire aux 24 Heures du Mans.

Naît alors le Projet 905 Sport Prototype avec un inédit moteur V10 à 80°. Dès sa première course (Suzuka 1991) la 905 rafle une chanceuse victoire mais la suite du championnat fut plus compliquée. La fiabilité faisait hélas défaut. L’équipe poussée dans ses retranchements réagissait avec la 905 Evolution 1 bis. La voiture retrouvait le chemin de la victoire et se classait 2ème du championnat.

Sur sa lancée, Peugeot enlevait les championnats pilotes et constructeurs en 1992 ainsi que la victoire de prestige aux 24 Heures du Mans. Excepté lors de la première manche à Monza (accident de Dalmas à deux tours de la fin) toutes les victoires revenaient à la 905. En moins de deux ans, la marque au lion avait une fois de plus imposé sa griffe dans une discipline. En 1993 la 905 finissait son programme en beauté en réalisant le triplé aux 24 Heures du Mans. Ne restait plus qu’une marche qu’à franchir, celle de la Formule 1. Mais cette fois-ci, le constructeur, conscient de la spécificité de cette discipline, décidait de ne s’engager que comme motoriste.

Le V10 était un bloc fabuleux mais sa transposition en Formule 1 allait laisser apparaître des faiblesses. L’exigence de la Formule 1 ne donnera pas une seconde chance à Peugeot ; bien que le moteur progressait et s’affichait même à un moment comme le meilleur du plateau, il n’était déjà plus dans les plans des écuries de pointe. Sans cette alchimie indispensable pour atteindre les sommets Peugeot ne put jamais démontrer son potentiel. De 1994 à 2000 le moteur équipa McLaren, Jordan et Prost Grand-Prix F1 pour un total de 115 participations avec un bilan cependant honorable : 14 podiums, 1 meilleur tour et 112 km en tête. Mais Peugeot va surtout briller en circuit en Supertourisme avec la 405 puis la 406 en championnat de France et au championnat d’Allemagne. La marque ne s’éloigne pas pour autant du monde du rallye. Après de brillants résultats en groupe A avec une vaillante 309 GTI 16 (notamment avec François Delecour), la structure lance la 306 Maxi qui devient l’arme absolue en championnat de France des Rallyes (1996 et 1997) aux mains de Gilles Panizzi ; elle est encore de nos jours l’une des voitures de rallye les plus efficaces sur asphalte.

Encouragé par ses très bons résultats, Peugeot profite du lancement de la 206 pour faire son retour en championnat du monde. Nous sommes au début des années 2000, le Finlandais Marcus Grönholm décroche deux titres pilote (2000 et 2002) et Peugeot trois titres constructeurs de suite (2000 à 2002). En 2005, Nicolas Bernardi remporte le championnat de France des Rallyes sur une 206 WRC. Après avoir quitté le Championnat du Monde des Rallyes fin 2005, Peugeot a recentré son attention sur le tout nouveau Intercontinental Rally Challenge l’année suivante. Le constructeur a dominé le championnat entre 2007 et 2009, Kris Meeke(GBR) remportant le titre en 2009 au pilotage d’une Peugeot 207 S2000. Au même moment, Audi domine outrageusement les épreuves d’endurance et plus particulièrement les 24 Heures du Mans ; l’histoire se répète et comme pour Pikes Peak quelques années auparavant, le Lion compte bien venir stopper cette hégémonie et engage la 908 HDi FAP dès 2007.

Equipée d’un moteur diesel V12 bi-turbo de 5,5 litres, la 908 se révèle particulièrement performante. En 4 saisons (2007-2010), l’équipe engrangeait 20 victoires et 24 poles en 32 courses et empochait 8 titres (3 constrcuteurs+3 équipes+2 pilotes). Mais l’objectif principal restait les 24 h du Mans. Malgré la pole position en 2007, la 908 finissait 2ème, ce qui restait honorable pour une première. En 2008 l’équipe raflait à nouveau la pole mais devait se contenter des 2ème, 3ème et 5ème places. 2009 fut enfin la bonne année, toujours en pole la 908 remportait enfin la prestigieuse épreuve mancelle avec l’équipage Brabham-Gené-Wurz devant une autre 908, celle de Montagny-Bourdais+Sarrazin.

En 2013, Peugeot retournait à Pikes Peak. En association avec Red Bull, la marque au lion débarquait au Colorado avec une voiture construite sur mesure pour cette épreuve. Avec 875 ch. pour 875 kg, la 208 T16 pilotée par Sébastien Loeb établissait un nouveau record de la montée en 8m13.878s. (Précédent en 9m46.164s). Cette redoutable 208 T.16 reste certainement à ce jour la plus incroyable voiture de compétition jamais fabriquée. Ses accélérations feraient passer une Formule 1 pour un camion ; De son côté la plus « modeste » 208 WRX du Team Peugeot-Hansen empochait par deux fois le titre constructeur du Championnat du monde de Rallycross (2015 et 2019). En 2016 Peugeot faisait un retour victorieux sur le Dakar avec la 2008 DKR (350 ch.) pilotée par Stéphane Peterhansel et naviguée par Jean-Paul Cottret.

L’équipage doublait la mise l’année suivante mais cette fois-ci avec un 3008 DKR dont le V6 HDi double turbo de 3,0 litres délivrait 360 ch. En 2018, c’est Carlos Sainz secondé par Lucas Cruz qui apporte la 3ème victoire d’affilée. Le prochain chapitre de l’aventure sportive est lié à la nouvelle formule Hypercar en endurance avec pour objectif Le Mans.

Article : Jean-François DUBY - Auto Full News
Photos : Peugeot

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