AMEDEE GORDINI CRITERIUM DE LA VALLEE DE LA BRUCHE

En feuilletant les numéros poussiéreux du magazine Échappement, on découvre que le premier Marathon de la Bruche s’est déroulé en avril 1972. Annoncée comme exigeante, cette manifestation tînt toutes ses promesses, attirant le gratin du sport automobile de l’Est avec plus de 50 voitures au départ. Promise à un souriant avenir, cette épreuve disparaissait pourtant brutalement du calendrier dès 1974, sacrifiée sur l’autel du choc pétrolier par la débandade politique.

Il y a deux ans, sous l’impulsion de Jean-Marc, Dimitri et Gaël Fluck, respectivement le papa et les fistons, l’Alpine Gordini Club de la Vallée de la Bruche décide de relancer une version historique de cette épreuve. Programmée le jour de la Saint Amédée, ils la rebaptisent Amédée Gordini Critérium de la Vallée de la Bruche ; l’AGCVB qui organise l’AGCVB, ce seul clin d’œil suffit à cerner l’esprit malicieux qui guidera la manifestation !
Après deux éditions très réussies, le succès dépasse désormais toutes les prévisions, amenant les organisateurs à accepter 50 équipages au lieu des 30 initialement prévus. Et encore, pour d’évidentes raisons d’organisation, on est contraint de refuser du monde ! Il est vrai que la formule est séduisante. L’Amédée Gordini se déroule sur la seule journée du samedi, le parcours idéal totalisant environ 180 km répartis en deux étapes. Il est également ouvert dans une certaine proportion à des voitures plus modernes et comporte une catégorie « débutants », permettant ainsi de toucher des novices qui seront peut-être attirés par ce type d’épreuves dans le futur. Les frais d’engagement sont serrés au maximum, avec un tarif défiant toute concurrence : les 40 euros déboursés n’en comprennent pas moins un dîner simple, un en-cas régénérant lors de la pause, des pâtisseries à l’arrivée ainsi qu’une superbe plaque de rallye. Pas de menus de chefs étoilés, pas de cépages vendanges tardives ni de foie gras, donc, mais une atmosphère passionnée et bon enfant. Et comme la famille Fluck aime partager ses plaisirs, le passage des concurrents est annoncé localement à grand renfort d’affiches, attirant des spectateurs enthousiastes au bord des routes.

Pour ce qui est du parcours, on revient à des valeurs plus classiques où alternent, à un rythme effréné et sans aucune transition, de la navigation par indice de route, du fléché, qu’il soit métré ou non, de la cartographie muette ou tracée, du fléché allemand et j’en passe. Le tout se déroule sur un secteur géographique restreint, permettant à l’organisateur une vision globale du déroulement de la manifestation, mais entraînant pour les concurrents des dépassements, des croisements ainsi que des incertitudes cruelles et des doutes céphalogènes dans les habitacles. Les équipages sont soumis à une concentration de chaque instant, les faux-contrôles et les pièges de toute nature disséminés tout au long du road-book pénalisant lourdement l’inattention passagère !
L’équipage belge vainqueur en 2009 n’émarge pas au départ, mais plusieurs ténors du Trophée des 4 Frontières et du Trophée du Grand-Est sont présents : Saumier- Henry (Golf GTI), Vanoverbeke-Kern (Lancia Fulvia), Vautrin-Jungmann (Saab 96) ou les époux Wurch (Porsche 356) semblent les plus aptes à jouer les premiers rôles ; mais un autre concurrent attire l’attention : il s’agit de Robert Wrégé qui figurait déjà bien placé sur le palmarès de l’édition…1972 puisqu’il y terminait au pied du podium !

Les véritables réjouissances commencent par un piège subtil tendu par ce diable de Dimitri : sur un fléché allemand, l’arête indique un gauche après un restaurant. La quasi-totalité des équipages fonce tête baissée vers un contrôleur placé bien en évidence à l’entame d’une ruelle. Celui-ci tamponne promptement la feuille de route puis, dès qu’il a accompli son sinistre forfait, il annonce avec un plaisir non dissimulé :
« tu t’es gouré, ici c’est une impasse ! »

Une impasse ? Oui, c’en est bien une, mais matérialisée uniquement par une plaque de rue difficilement visible ! C’est rageant. Très rageant mais instructif : à partir de là chacun a saisi le contexte général de l’Amédée Gordini…
Une hiérarchie ne tarde pas à se dessiner. Bien que partis loin derrière, les équipages aguerris se présentent bientôt les premiers aux différents contrôles, ne laissant planer aucun doute quand à la qualité de leur prestation. Pour les autres, c’est jardinage printanier et vendange de pénalités. A l’arrivée de la première étape, les écarts sont énormes.

La boucle nocturne, très arrosée, se limite à un tracé plaisant dédié au seul bonheur de conduire. Il emprunte quelques vieilles classiques des rallyes Vosgien : Cols de Steige, de la Charbonnière et du Prayé. La vigilance reste de mise car des contrôles de passage saupoudrent malgré tout le parcours, avec un ultime chausse-trappe à 20 mètres de l’arrivée : un CP posé devant une fontaine ! Tout le monde tombe dedans (dans le panneau, pas dans la fontaine !), mais deux équipages finissent avec un total de pénalisations identique au point près. Finalement, le vainqueur sort du chapeau, puisqu’avant le départ chacun avait tiré un petit papier comportant un coefficient multiplicateur. A ce petit jeu, l’équipage Martial Saumier-Marc Henry l’emporte d’un minuscule centième de point sur l’excellent vétéran Robert Wrégé et son épouse Sylvie, tandis que Bernard Vautrin-Francis Jungmann complètent le podium.

La catégorie débutants est remportée par Hubert Lebreton-Dominique Serrier (Opel GT) devant Marcel Aubert-Fabrice Hueber (Mercedes 190) et Jean-Marc Garabadian- Marion Jouhaud (Renault Fuego Turbo), qui rafle la Coupe des Dames au passage. Le challenge « clubs » revient aux trois équipages des buggys de l’Amicale Buffalo. Il est à noter que les derniers de chaque catégorie sont invités gracieusement à la prochaine édition de l’Amédée Gordini Critérium de la Vallée de la Bruche qui aura lieu le samedi 26 mars 2011. Pour les autres, il faudra s’y prendre à temps, les places étant devenues chères pour cette épreuve très bon marché qui s’est, en l’espace de trois ans, hissée au rang des classiques incontournables.

Un grand merci à l’auteur : Wehrung Jean Jacques 7ème en catégorie experts, pour cet article

Texte et photos : Jean-Jacques Wehrung | AGCVB

 

Documents joints


 Télécharger le classement débutants (PDF - 44.7 kio)

 Télécharger le classement experts (PDF - 43.3 kio)