Vécu : Le Classic Tour de l’Aisne en Shelby

Nous avions déjà participé à ce rallye il y a maintenant deux ans avec la Shelby 350 GT de mon ami Didier Buhot. A l’époque, le format et le type du rallye nous avait réussi en terminant au pied du podium. Histoire de se mettre dans l’ambiance et dans l’esprit de l’organisateur, je m’étais replongé la veille du départ dans le roadbook de l’époque. Cela ne nous aura pas servi à grand-chose ;-)

Vendredi 25/11 après midi

Ce sont les vérifications techniques et administratives dans les locaux et sur le parking du Novotel de Reims-Tinqueux. Etant sur place, nous sommes les premiers à nous présenter. Cela nous laissera le temps d’aller étalonner tranquillement notre tripmaster et de lire dans le détail le guide fourni par l’organisateur expliquant le déroulement du rallye. Ce document nous explique les subtilités des CH, CP(s), TIP( Temps Idéal de Passage) et autre autostart mais aussi le règlement et là, on s’aperçoit vite que les pénalités peuvent être copieuse et finalement compromettre sérieusement le classement. Cela se vérifiera rapidement le lendemain... Mais pour le moment, c’est l’occasion de retrouver les autres équipages, au nombre de 70, dans une ambiance des plus sympathique. Outre les amis de notre Team (Team JMW Racing Champagne Historique) et autres rémois membres du RCVHS, nous avons le plaisir de retrouver des équipages avec qui nous avons sympathisés depuis toutes ces années sur les routes : Christine et Noël Messersi, Catherine et Emilie Oswald, Jean-Marie Bierling et Raymond Collovald....

Samedi 26/11 matin

Les choses sérieuses commencent avec le premier secteur disputé dans le vignoble champenois. Première surprise en prenant le roadbook en main : il n’y a aucune distance partielle et passées les premières pages, les distances totales sont à peine plus nombreuses... Mieux vaut ne pas se tromper car retrouver sa route ensuite reste d’être très compliqué. Dès le milieu de la page 2, première case sans distance avec un piège sur le terrain : un CP pince bien tentant... mais situé après le changement de direction, donc, on n’y touche pas ;-) S’en suivent une bonne dizaine de changement de direction dans les vignes, parfois extrêmement rapproché, il faut rester attentif. Arrivé dans le village de Trigny, on voit déjà des voitures arriver de partout... ça commence ! après le premier TIP, c’est ensuite la première spéciale dans les vignes avec plein de changement de direction comme c’est souvent le cas ici. Pour être de la région et y avoir déjà fait un certain nombre de rallyes, ça se passe plutôt bien. Quelques pages plus loin, c’est la première d’une longue série de carto. Celle-ci nous parait facile car nous connaissons le secteur, mais il faut rester méfiant, notamment dans les traversées de village, les cartes n’étant pas toujours d’une précision remarquable. Cela se vérifiera un peu plus tard... Une spéciale avec autostart plus tard, c’est de nouveau une ZR dans les vignes de Fleury la Rivière avant de prendre la direction de l’Aisne. Dans la ZR de Venteuil, on trouve le moyen de caler dans un virage à 100m d’un contrôle que l’on franchira avec 180m de retard... bravo les gars ! La route est assez grasse par endroit, la Shelby danse ! Une nouvelle carte, ni très grande ni très détaillée (origine Michelin) apportera les premiers grincements de dents : dans le village de Sergy, on voit que l’on doit contourner par un droite gauche l’église du village. Sur la carte, on voit que le virage à gauche est en fait un T gauche car une route arrive de la droite.

Sur place, c’est un peu différent : il y a une première route à gauche avec un CP pince qui nous tend les bras, mais pas de route à droite, ce qui ne correspond pas à la carte, et 30m plus bas, une route qui elle correspond avec ce qui est dessiné sur la carte. Donc, on ne prend pas le CP.... Et bien on apprendra plus tard qu’il fallait le prendre. Damned, c’est un peu fort, s’il faut jouer à pile ou face les CP, ça ne va pas bien aller.... surtout à 300 points l’affaire ! Beaucoup se seront fait avoir avec ce CP, car c’est bien le sentiment qui prédomine. Après toutes ces bonnes choses (!!!), nous pointons à la 28ème place au général, à plus de 800 points des premiers. A noter la bonne performance de Catherine Oswald et sa fille Emilie qui pointent en 4ème position au général. Elles ont pour l’occasion rallié notre team et ce sont elles les meilleures représentantes !

Samedi après-midi

Après un excellent déjeuner dans le cadre magnifique du Château de Nesle, nous repartons à l’assaut des - belles - petites routes de l’Aisne. Après 2,8 kms, les difficultés reprennent avec une succession de A D, A G, pas à G 2x, au beau milieu d’un village dont certains carrefours sont grands comme des esplanades et où il faut être attentif et ne pas aller trop vite au risque de se rater... Et se rater, c’est aussi ne plus s’y retrouver avec les distances quand il y en a... Les ZR se succèdent aux cartos pour rejoindre Braine. Après une halte d’une demie heure, nous repartons alors que la nuit commence à tomber. Après avoir faillit rater un TIP à un lavoir qui vu sous l’angle par lequel nous arrivions ressemblait plutôt à une chapelle ;-), nous faisons une ZR catastrophique dans le secteur de Longueval-Barbonval. Il fait noir, tout à la carto sans échelle et nous ratons un changement de direction - on le saura bien après - à un endroit ou une fourgonnette était stationnée en plein phare.. S’en suit une séance de jardinage du plus bel effet - 2 points de contrôle manqués soit 1 200 points... #@& ?*% de carto ! - On fini par retrouver le chemin à mi-spéciale. Il n’y a plus qu’une chose à faire : rouler. Et vite. On limitera la casse au CH en pointant avec 6 mn de retard.

S’en suit l’étape de nuit alors que ça fait un moment que l’on y est dans le noir ;-) avec 2 ZR en autostart et un TIP. Là, on se vengera car c’est nous qui réalisons la meilleure performance avec 4 petits points devant les futurs vainqueurs - et vainqueur 2010 - les belges Stephenne Benoit et Michaël Demortier. Non mais ! Bon, le bilan n’est pas terrible, nous sommes 35ème au général suite à notre séance jardinage. On va peut-être aller faire un tour du côté de Jardiland pour porter leurs couleurs.... Arrivée à Laon puis dîner au golf de Chamouille.

Dimanche 27/11 matin

Deux secteurs avant d’en finir à St Quentin. Le premier long de 113,93 kms nous emmènera jusqu’à Coucy le Château. Deux ZR, une à la carto et une en autostart avec des TIP dont il faut se méfier. Ces TIP, lorsqu’ils sont non loin du départ d’une ZR en autostart ou d’un CH, sont de véritables pièges qui cassent le rythme. Il faut ensuite rouler sans trop flâner au risque de pointer en retard. Nous aurons encore droit à de la carto, puis un piège déjà utilisé il y a deux ans dans le village de Lizy avec un changement de direction portant le même nom à 50 m d’intervalle, mieux vaut être bien calé au tripmaster. Après le traditionnel buffet d’huitres et de charcuterie du dimanche matin à Coucy le Château, c’est le dernier secteur avec en 40 kms, un bon bout de cartographie - qui a dit : "encore ?" - une case retournée (la seule de tout le rallye, donc d’autant plus piègeuse) et des A D, A D, A D qui nous jouerons encore des tours. Notamment avec un CP pince qu’il fallait prendre alors qu’il était positionné d’une manière très discutable car nous faisant prendre quelques mètres sur une route qui ressemblait fort à un chemin privatif menant à une ferme. Encore de l’interprétation.

Ce sont les vainqueurs de l’an passé qui récidivent, Stephenne Benoit et Michaël Demortier sur Opel Ascona devant Jean-Marie Bierling et Raymond Collovald encore sur le podium cette année comme souvent mais malheureusement jamais sur la plus haute marche. C’est Jean-Pierre Santin et Michel Seydoux qui complète le podium. La Coupe des Dames est remportées par Catherine et Emilie Oswald (26ème) sur Porsche 936. Une mention spéciale pour notre ami à tous Jean Berger et son fidèle navigateur Antoine Lesein. A 89 ans et malgré son aversion pour la route de nuit, il termine 28ème au général au volant de sa célèbre Lancia Zagato. De notre côté, nous terminons 32ème en ayant pris beaucoup de plaisir à bord de la Shelby dont le bruit magique à enchanté de nombreux spectateurs. (voir ci-dessous)

Au final, nous avons trouvé que ce rallye s’était durci - il suffit de voir le classement de certains spécialistes - tant sur le roadbook qui prend tout doucement des allures de navigation pure que par le barème des pénalités. Le parcours est quant à lui un régal avec des petites routes juste comme il faut pour se faire plaisir. Enfin, n’oublions pas l’équipe d’organisation et ses commissaires qui ont tous été très sympathiques. L’ambiance de ce rallye demeure très agréable, le fait de limiter le nombre des engagés y étant sans doute pour quelque chose.

Texte : Jean-Marie Biadatti © photos : MotorSport Legend, agence photo de l’épreuve et Jean-Marie Biadatti (vues intérieures)

* Si vous voulez écouter la chanson ;-) c’est à 5’27" dans la vidéo ci dessous :

 

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