Les Legend Boucles (B) : ses champions 2018 !

C’est à une toute grande soixantième édition des Boucles auquel nous avons assisté, ce week-end des 3-4 février, dans la région de Bastogne.

Avec 275 voitures au départ, des dizaines de milliers de spectateurs sur les bords des 19 tests de régularité, un parcours à nouveau extraordinaire et des conditions météorologiques rappelant parfois les Routes Blanches d’antan, même si le grand manteau blanc est vite devenu brunâtre sur la terre de la désormais célèbre étape forestière dominicale.

Bryan Bouffier, premier vainqueur étranger des Legend Boucles !

Vainqueur en surclassement en 2017, hors catégorie cette année, Thierry Neuville (accompagné de Nicolas Gilsoul) aurait à nouveau dominé la course - il se serait imposé avec 153 points d’avance, soit plus de deux minutes et demie - si sa petite Opel Corsa A n’avait pas été un peu trop modifiée depuis l’époque de ses débuts, ne répondant plus vraiment à la philosophie d’une épreuve historique.

1er Bouffier-Alnet

N’empêche, les Legend Boucles étaient très heureuses de l’accueillir au départ. Notre triple vice-champion du monde a participé au grand succès populaire de notre événement et était heureux de faire partie de cette grande fête belge du rallye.

"Honnêtement, je me suis régalé, souriait le pilote Hyundai à l’arrivée. Je n’aurais jamais imaginé m’amuser autant avec cette petite auto, très fiable. Je remercie toutes les personnes qui ont rendu cette opération possible. Et d’abord mon frère Yanick qui a remonté cette caisse dans notre atelier de Saint-Vith. Maintenant j’ai un an pour trouver avec quoi je reviendrai l’an prochain. Un pilote veut toujours plus de puissance. On verra bien..."

Les amateurs de sport aussi ont été gâtés avec une belle bagarre d’un bout à l’autre de l’épreuve. Le samedi, la lutte pour la victoire semblait se résumer en un nouveau duel entre la petite Ford Escort MKI Burton Racing de François Duval et la puissante Porsche 911 BMA d’un Bernard Munster perdant ses 44 secondes d’avance dans deux tête-à-queue, l’obscurité et surtout la neige surprenant tout le monde dans l’ultime spéciale infernale de cette première étape.

2e Duval-Leyh

Ce dimanche matin, l’écart ne dépassait pas les 7 secondes à l’avantage du pilote de Cul-des-Sarts. Avec sept spéciales dans des forêts blanchies par les chutes de neige nocturnes et des pénalités doublées, le bras de fer s’annonçait génial. Mais dès la première nouvelle spéciale de Rémichampagne, coup de théâtre : à l’attaque pour tenter de récupérer son bien, Bernard Munster commettait une petite erreur et endommageait le train avant de sa Porsche. Le patron de BMA perdait du coup le contact avec la tête mais surtout la confiance avant d’apprendre qu’il écopait d’une pénalité de 150 points suite à un excès de vitesse en liaison, la veille, du côté de Mirwart. Il se contentait dès lors de ramener sagement sa 911 au 4ème rang final.

"Je suis déçu bien sûr, car tout avait bien démarré. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. C’est de ma faute, regrettait Big Bernie. De toute manière, je n’avais pas commandé les bons pneus pour la neige et il aurait été très difficile de rivaliser avec Bryan Bouffier qui a signé des temps canons aujourd’hui."

3e Caprasse-Razzi

Le juge de paix de plus de 35 kilomètres d’Herbeumont-Bertrix franchi sans encombre, on imaginait alors François Duval se diriger tranquillement vers sa quatrième victoire, la première pour son équipier André Leyh. Il possédait à ce moment 119 points d’avance sur Bryan Bouffier, près d’une minute avec le système de Power Stage alors qu’il restait cinq spéciales et une cinquantaine de kilomètres à parcourir.

Mais dans la quinzième spéciale, le nouveau tronçon d’Auby-sur-Semois - Fays les Veneurs, la course rebondissait une dernière fois, le leader subissant une crevaison lui faisant perdre près d’une minute trente, soit 180 points. La messe était définitivement dite et l’invité vedette, Bryan Bouffier, auteur de tous les scratches ce dimanche, imposait la Ford Escort MK2 de Christophe Jacob, voiture au volant de laquelle François Duval s’est déjà imposé voici quelques années.

"Comme la longue s’était bien passée, j’ai gardé les pneus sans flancs renforcés et j’ai crevé dans la suivante, pestait le pilote de Cul-des Sarts. C’est dommage bien sûr d’être passé si près d’un nouveau succès, mais j’aurais déjà signé des deux mains vendredi pour une deuxième place. C’est super pour les premières Boucles de Caren Burton. Avec une auto développant tout de même cent chevaux de moins qu’une Porsche et cinquante de moins qu’une Escort BDA. Je me suis super bien amusé."

Pas autant sans doute que l’homme héritant dès lors de la victoire, Bryan Bouffier, troisième pilote du team M-Sport lors du dernier Monte-Carlo (8ème), débarqué chez nous en direct de Monaco. Dauphin à plusieurs reprises en moderne chez nous à Ypres, Bryan Bouffier, quatrième seulement dimanche matin, était le premier pilote étranger à devancer tous les Belges en treize éditions de Legend, vingt-quatre ans après François Chatriot (mais en ’moderne’ à l’époque).

4e Bernard Munster

"Je suis très fier de lui succéder, je vais l’appeler pour lui en parler, souriait le Français monté clairement en puissance et signant tous les meilleurs temps sur la terre. Il m’a fallu quelques spéciales pour prendre la mesure de cette très bonne Escort Groupe 4 et m’habituer à vos routes. Samedi en début de soirée, cela commençait déjà à marcher plus fort. Puis ce dimanche, sur la terre, j’ai envoyé du lourd et je me suis régalé. Je n’avais plus le même handicap de méconnaissance du terrain que la veille. Mais jamais je n’aurais encore imaginé pouvoir l’emporter. J’espère pouvoir revenir au plus vite dans ce rallye avec un parcours formidable et une bonne ambiance typiquement belge. Je vais faire votre publicité en France !"

Le podium était complété par une troisième Escort, la voiture soeur de celle de l’équipage vainqueur, avec au volant le spectaculaire régional de l’étape Fred Caprasse, auteur d’une excellente prestation pour son rallye annuel. "L’organisateur a prolongé son bail de cinq ans avec Bastogne, cela me laisse donc au moins encore cinq ans pour essayer de gagner ce rallye", plaisantait-il.

Battus cette année, les Porschistes pouvaient nourrir quelques regrets. Outre Bernard Munster, quatrième, c’était aussi le cas pour Fred Bouvy complétant le Top 5 après avoir perdu son podium suite à une petite sortie dans Chevron-Rahier samedi soir. "Et je n’y étais pas dans la longue", avouait le Bruxellois égalant son meilleur résultat de 2017.

Manquant de rythme et avouant franchement un excès de prudence lors de la première étape, l’ex-triple vainqueur Grégoire de Mevius (Porsche 911) était nettement plus à l’aise et dans son élément sur la terre. Ce qui lui permettait de remonter du neuvième au sixième rang, en profitant notamment de l’abandon de son fils Ghislain, victime de la transmisson de sa Nissan 240 RS Gr.B.

Neuville magistrale !

Septième, l’excellent Romain Delhez hissait son Opel Kadett GTE ’familiale’ devant deux autres Escort, dans l’ordre la MK2 du Britannique Tim Pearcey et la MKI de Renaud Verreydt, ce dernier ayant été fortement retardé en début de rallye avec une transmission défaillante. Déjà victime d’une crevaison la veille, Stefaan Stouf subissait une nouvelle avarie dans la dernière spéciale et devait laisser Guillaume Mondron (Porsche) clôturer le Top 10. Romuald Thirion aurait dû s’immiscer parmi eux sans un bris de boîte de vitesses entraînant une lourde pénalité pour avoir pointé au-delà du délai de mise hors-course samedi après-midi.

On mentionnera encore la belle treizième place du revenant (avec un copilote totalement néophyte) Gino Bux sur son Escort MK2, l’arrivée au 15ème rang de Jean-Pierre Van de Wauwer malgré un carter de boîte cassé à trois spéciales du but sur sa BMW 323i E21 ou encore la 21ème place de Charles Blérot, premier en traction sur sa petite Peugeot 205. (Vincent Franssen & Com / Photos Jacques Letihon)

Classement 2018
1. Bouffier-Alnet (Fra/Ford Escort RS) 1320 points ;
2. Duval-Leyh (Ford Escort MKI) à 131 points ;
3. Caprasse-Razzi (Ford Escort MKII BDA) à 199 points ; 4. Munster-Humblet (Porsche 911) à 310 pts ; 5. Bouvy-Hottelet (Porsche 911) à 323,25 pts ; 6. Gr. Mevius-Louka (Porsche 911) à 437 pts ;
-> Classement Legend


Van Dalen-Minguet concrétisent enfin en ’Classic’

Les rebondissements ont été nombreux dans la catégorie ‘Classic’ réservée aux purs et durs de la Régularité.

1er Van Dalen Minguet

Si Kurt Dujardyn et Filip Deplancke (Porsche 911) s’étaient montrés à leur avantage samedi, ils finissaient par rétrograder suite à un souci technique. Ils mettaient néanmoins un point d’honneur à boucler la course. L’édition 2018 n’a pas non plus souri aux lauréats de l’année dernière, Eric Piraux et Catherine Monard (Renault 5 Alpine), contraints d’en rester là samedi soir suite à un souci de train roulant. Pas de chance non plus pour Patrick Lambert et Patrick Lienne (BMW 2002 Ti), qui relayaient Dujardyn-Deplancke au sommet de la hiérarchie provisoire avant de commettre une faute coûteuse en points de pénalité, avant de s’immobiliser, échappement en rade.

Souvent placés, mais rarement vainqueurs des grandes épreuves de Régularité, Marc Van Dalen, responsable de la société Kronos Events bien connue en compétition sur circuit, et Julien Minguet (Ford Escort MK2) n’ont cette fois pas tremblé, et quelques jours à peine après avoir été les meilleurs Belges au Rallye Neige et Glace en France, ils ont concrétisé une belle montée en puissance par une victoire qui fera date.

Souci technique pour Dujardin-Deplancke

"J’ai une pensée pour Jean-Pierre Mondron, car c’est lui qui m’a amené sur les rallyes de régularité, expliquait Marc Van Dalen au pied du podium. J’y ai vraiment pris goût, et avec Julien, on s’applique. Ce résultat me comble de joie tant cette épreuve est unique en son genre ! Etant organisateur moi-même, je ne peux que mesurer la performance de mettre un tel rallye sur pied. Bravo à tous !"

Si Van Dalen et Minguet ont assuré le coup en évitant toute erreur dans les derniers RT, la lutte pour les accessits a été tout simplement exceptionnelle, se jouant pour quelques petits points. C’est finalement l’imposante Volvo 142 S d’Eric Gengou et Didier Gathy, aux suspensions d’origine, qui a eu le dernier mot, décrochant l’argent devant le jeune Alexandre Delhez, fils de Johnny Delhez (bon sang ne peut mentir !) et son copilote de dernière minute Jean-François Delincé, le tout à bord de la très belle Ford Escort MK1 familiale.

Podium Classic

Derrière ce trio on ne peut plus régulier, on pointait la Ford Escort MK1 de Schoonbroodt-Gehlen, qui loupait le podium d’un petit rien, la VW Golf GTi des meilleurs étrangers, une fois encore les Français Magdziarek-Lhomme et la moins ancienne Peugeot 205 GTI des toujours excellents Georges-Fagnant, meilleurs régionaux. Comme souvent dans les épreuves de régularité, le reste du classement fait l’objet de nombreuses vérifications. Il sera officialisé ce lundi par voie de communiqué de presse.

Comme on peut le constater, les traditionnels cadors de la Régularité ont parfois été malmenés, preuve que les Legend Boucles à Bastogne ne ressemblent à aucune autre épreuve…

-> Classement Classic


Deflandre-Lambert premiers lauréats de la catégorie ’Challenger’

Deflandre-Lambert

De la neige, de la glace, de la boue, et surtout des tronçons forestiers conférant un caractère unique aux Legend Boucles à Bastogne ! Comme annoncé, la seconde étape de cette édition 2018, riche de 7 tests de régularité, dont le ‘monstre’ de Herbeumont-Bertrix (35,31 km !) a tenu ses promesses, à tel point que ce dimanche matin, c’est une nouvelle épreuve qui pouvait commencer.

Pour l’avènement de la catégorie ‘Challenger’, l’ultime journée a pris l’allure d’un bras de fer entre Porsche 911. Leaders samedi soir, Yves Deflandre et Joseph Lambert n’ont jamais été en mesure d’assurer, car dans leur dos, André Lausberg et son fils Guillaume étaient bien décidés à ne surtout rien lâcher. On a dès lors assisté à une splendide passe d’armes, les deux équipages signant les ‘scratches’ à tour de rôle, tandis que l’écart restait peu important…

Evitant de commettre la moindre erreur, Deflandre-Lambert parvenaient finalement à faire honneur à leur rang de favoris, remportant une victoire conquise de haute lutte, étant obligés de conserver un rythme élevé jusqu’au dernier mètre du dernier RT !

2e André et Guillaume Lausberg

"A un certain moment, forts de notre avance, on a décidé d’assurer… et on n’était plus dans le rythme, explique Yves Deflandre. On s’est repris, et on a bien fait, car André a poussé jusqu’au bout. Mais quelle épreuve !"

Totalement emballés par l’aspect convivial de cette nouvelle catégorie ‘Challenger’, avec une compétition aux allures de ‘temps des copains’, André Lausberg a été inspiré de son choix final. En compagnie de son fils Guillaume, il s’est battu comme un beau diable, échouant en 2ème position à 37,00 points du duo Deflandre-Lambert. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris en février 2019 pour la revanche. "Cette catégorie est réservée aux gentlemen-drivers, mais aujourd’hui, il fallait aussi être gentlemen-performers, commentait ‘Dédé de Beaufays’. Nous n’avons plus qu’une chose à faire : revenir l’an prochain pour gagner !"

Une belle brochette de Challenger

Alors que la plus petite marche du podium leur semblait promise, Johnny Delhez et Eddy Gully (Ford Escort MK2) ont eu la désagréable surprise d’être trahis par une rotule de suspension à quelques encablures de l’arrivée. Une Escort de la deuxième génération en chassant une autre, Jean-François ‘Kiki’ Olivier et sa compagne ‘Gene’ Magnette, dont c’était le deuxième rallye seulement dans le baquet de droite, décrochaient finalement le bronze, ce qui les comblait de joie !

Il s’en est pourtant fallu de très peu (14 petits points !) que Luc Caprasse et Christophe Marquet ne se retrouvent sur le podium final en ‘Challenger’, l’ex-dompteur de Quattro s’étant adapté en un temps record au pilotage de la Porsche 911 Motorsport International. C’est la Ford Escort MK2 de René Brugmans et Eric Gressens (qui ont sans doute bien ri…) qui complétait le top 5 final, précédant la Ford Escort MK2 de Philippe Dohogne et Patrick Strattopp, l’Opel Ascona B de Pierre-Etienne Bernes et Romain Gresse, les Marin grand-père et petit-fils (Renault 5 GT Turbo), la BMW 325i de Gérard et Léonard et la Porsche 911 d’André Glesner et Jean-Louis Mostade.

-> Classement Challenger


(Vincent Franssen & Com)
©orga et Jacques Letihon

photo1 : Bryan Bouffier et Jean-Luc Alnet ont découvert l’Escort MK2 Gr.4 jeudi. Trois jours plus tard, ils ont gagné les Legend Boucles !

-> Tout 2018... et les éditions précédentes


 

Portfolio

 

Documents joints


 Classement Challenger (PDF - 57.8 kio)

 Classement Classic (PDF - 497.2 kio)

 Classement Legend (PDF - 78.8 kio)