Les 9e Routes du Vexin Classic : une place au Paradis


Nous suivons le Vexin "Vu de l’intérieur" par Antoine et Aurélie CHARRIERE à bord de leur VOLVO 123 GT (toujours aux couleurs de NCR ;-))

C’est une histoire de montagnes russes. Vous savez, ces attractions de foire qui vous donnent des sensations contradictoires en permanence, vous font passer en un instant de la peur de votre vie au plaisir absolu. Eh bien aux Routes du Vexin Classic, on est en plein dedans. Et pour Aurélie et moi, l’inscription à cette neuvième édition est un vrai défi  : nous avons en tête nos débuts sur l’épreuve, en 2015, et notre immense joie de faire monter notre Volvo sur le podium de la catégorie « GT ». Mais nous pensons aussi beaucoup à notre déconvenue de l’année dernière, complètement largués chez les « Experts » et rejetés dans les profondeurs du classement… Toute l’année, j’ai dû batailler avec ma navigatrice d’épouse, afin qu’elle nous laisse retenter l’aventure dans la catégorie reine pour laquelle, de son point de vue, nous sommes encore un peu trop « verts ». Elle a fini par accepter… et nous voilà en cette matinée du 20 mai, à Savignies, à deviser gaiement avec les copains sous un soleil qui aide (un peu) à faire oublier le stress de tout départ de rallye.

Notre Grand Huit du jour – ce n’est sans doute pas pour rien qu’on nous a attribué ce numéro de course – commence plutôt bien. Dans un premier secteur exempt de grosse difficulté et à la moyenne basse, nous ne ratons qu’un seul Contrôle de Passage (à ce stade, cela ne coûte que vingt points de pénalité) et sortons sans encombre d’un fléché allemand qui voit beaucoup de ténors hésiter. Mais la confiance et la concentration ne nous empêchent pas de commettre ensuite quelques boulettes.

La première nous cueille à froid dans le deuxième secteur. On attaque la lecture d’une carte muette et Aurélie me confie rapidement « je n’y suis pas, je n’ai aucune idée de l’échelle et rien ne semble correspondre ». On fait du kilomètre, à la recherche d’une épingle à droite et on finit par en emprunter une sans conviction. Quelques centaines de mètres plus loin, mais toujours dans le doute absolu, on aperçoit le photographe officiel du rallye au bord de la route : « OK, c’est le bon parcours » ! Mais au virage suivant, plus rien ne colle. On se pose, on analyse, on tourne et retourne les possibilités mais rien n’y fait. Les minutes filent, les concurrents passent (des gros numéros) avant qu’Aurélie finisse par me dire « ça y est, je vois où on est, mais c’est pratiquement déjà la fin de la carte, on a raté une grosse partie du parcours, il faut tout refaire » !

Bombardement pour revenir au point de départ. Là, tout s’enchaîne beaucoup mieux, on repère les distances et on enquille. Malheureusement, à trop vouloir rattraper le temps perdu, on s’engage dans la mauvaise épingle sur laquelle se trouve un faux CP et – principe bien connu de la double peine – on récolte douze minutes de retard au CH suivant (je vous passe l’arrivée sur le parking debout sur les freins)...

C’est sans doute notre déception et notre énervement qui nous font faire une erreur de débutant dans le secteur suivant. Rejoindre A et B en passant au plus long, classique des classiques. Mais cette fois la consigne impose de rester sur les voies tracées en « double trait » sur la carte. Pratiquement dès le début de ce parcours, un CP humain nous tend les bras dans un petit décroché, et on y va bille en tête, car effectivement le décroché nous fait faire un peu de trajet supplémentaire, mais l’endroit où il est positionné n’est pas en double trait sur la carte !

Jean Guezennec, l’organisateur, toujours prompt à se planquer aux endroits où il a saupoudré ses pièges, nous a vus : il nous passe un savon amical au CH suivant. Ajouté à nos trois minutes de retard, ce CP parfaitement évitable nous prive d’une place dans le top 10 avant l’épreuve de nuit. Mais je suis plutôt satisfait de notre rang et surtout de la façon dont nous avons su éviter bien d’autres fourberies tout au long des 160 km de l’après-midi.

Nous allons pouvoir savourer un excellent repas avec nos adversaires. Eux aussi ont connu des fortunes diverses, certains les minimisent quand d’autres noircissent le tableau. Nous savons bien que les écarts ne sont jamais énormes entre pros de la navigation…

Mais déjà, il faut se préparer à repartir pour l’étape de nuit, qui se fera intégralement contre le chrono. Ce n’est un secret pour personne, je ne suis jamais à l’aise dans l’obscurité. Ma forte myopie associée à l’éclairage notoirement insuffisant de la voiture ne sont pas là pour nous aider. Heureusement, notre départ parmi les premières voitures est un avantage, l’éclairage reste satisfaisant pendant le premier tiers de cette boucle. Lorsque je me décide à allumer les Oscar, nous avons bien régulé et passé les deux premiers relevés de temps assez tranquillement. Le troisième nous demande un peu d’efforts après avoir hésité devant un CP humain, mais on rattrape vite et ça passe. Malheureusement, la bévue arrive dans les derniers kilomètres. Sur un « quitte à droite » non métré, on s’engage alors que le dessin ne correspond pas tout à fait à la réalité du terrain, et la sanction est immédiate. Au carrefour suivant, plus rien ne colle, demi-tour, nouvel essai, ça fonctionne enfin...

Mais de longues secondes sont parties en fumée. Pour autant, ce n’est pas une catastrophe (la seconde coûte moins cher qu’un CP manqué, l’essentiel est donc de n’en avoir oublié aucun).

Après une nuit forcément trop courte, la journée du dimanche commence par belle frayeur. Entièrement par ma faute : je pensais que le premier concurrent partait à 9 heures, or c’était 8 heures 30. Réveillés trop tard avec les yeux qui piquent, on quitte l’hôtel en mode panique, on galère pour trouver une station essence, puis le GPS nous envoie sur une route inconnue et, cerise sur le mille feuilles, on se retrouve bloqués dans un village où se garent les participants d’une brocante - on la retrouvera ensuite sur le parcours. Mais plus de peur que de mal, on est à l’heure au départ et on a même le temps d’assouvir un nécessaire besoin naturel !

Forts de notre douzième place provisoire, on se motive à bloc. Les deux premiers secteurs sont superbes et on a le sentiment d’être dans le coup. De fait, on passe à zéro et aucun retard au CH n’est à déplorer. Mine de rien, c’est la première fois qu’on colle notre nom tout en haut d’une feuille de résultats au Vexin, ça met du baume au cœur ! Mais on se doute que l’organisation nous a réservé le meilleur pour la fin, là où les tarifs sont revus à la hausse (un CP vaut désormais 40 points de pénalité). Pour sauver notre position au milieu de la meute, ce sera sûrement coton...

Il nous faut bien une dernière bêtise, et on va la faire lors d’un nouveau traçage « au plus long ». Un détour supplémentaire était possible, on ne l’identifie pas et on rate notre sixième et dernier CP du week-end. Un peu de jardinage, sur un enchaînement avec deux cases inversées ayant échappé à la vigilance d’Aurélie, ajoutent quatre minutes de retard au CH final. Mais nous sommes vraiment heureux de finir comme ça. L’an dernier, nous avions sombré au cours de la dernière heure…

Le déjeuner est convivial à souhait. Comme de coutume, les classements sont annoncés en commençant par la fin. Les noms défilent, on s’attend à être appelés à tout moment, mais le plaisir dure. D’autres concurrents ont commis plus d’erreurs que nous au cours de la dernière étape et nous sommes finalement remontés à la 7ème place. Sacrée belle surprise !

En résumé, c’est du bonheur qui coule dans nos veines. Être dans le coup est toujours un plaisir, mais quitte à réussir un rallye, autant que ce soit celui qu’on préfère. Comme à son habitude, l’écurie Guépard et ses soixante bénévoles, commissaires, logisticiens, implanteurs, aussi compétents que courageux, ont été exceptionnels de bout en bout. La variété des paysages traversés, des énoncés du roadbook, le sérieux et la rigueur de tous, en course et au-delà... Immense coup de chapeau et énorme merci à toutes et à tous.

Le vainqueur Jean-Philippe Wante l’a d’ailleurs très bien dit pendant la remise des prix : il y a dans chaque épreuve des petites choses qui pêchent, eh bien au Vexin, non. Rien ne fait défaut. C’est un rallye magnifique, et sincèrement je conseille à tous ceux qui n’y sont jamais venus d’envoyer un dossier d’engagement dès que celui de la 10ème édition sera mis en ligne. Un séjour au Paradis, ça ne se refuse pas !


Texte : Antoine et Aurélie Charrière
photos : Stéphane CAEN
Organisation : Ecurie Guépard

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