La 2e Ronde Classic de l’Ouest vue de l’intérieur

Chantons sous la pluie !

Nous suivons aujourd’hui l’équipage Charrière, 3e à la 2e ronde Classic de l’Ouest ce 30 avril :

Il y a maintenant près de six ans que nous écumons, ma femme Aurélie et moi, les épreuves historiques du centre-ouest de la France avec notre Volvo 123 GT. Après une année 2016 frustrante (peu de rallyes disputés et des résultats moyens), nous nous sommes rapidement mis d’accord, pour 2017, sur un programme inédit mêlant nouveauté et diversité, pour poursuivre notre apprentissage des différents modes de navigation.

La Ronde Classic de l’Ouest (30 avril 2017), conseillée par des concurrents qui avaient disputé la première édition, nous semblait coller parfaitement à notre cahier des charges. Un savant dosage entre régularité et cartographie, une proximité de notre domicile tourangeau, un coût d’inscription des plus faibles (130 € pour une journée complète de compétition)… et bien entendu la perspective de ferrailler avec de bons copains sur des routes inconnues.

Nous arrivons « sur zone » le samedi en fin d’après-midi, sous un soleil magnifique, et profitons d’un très bon repas dans un ancien relais de poste où nous passons une nuit paisible. La pluie annoncée est là à notre réveil, elle nous accompagne jusqu’à l’Absie, qui sera la plaque tournante du rallye et où nous retrouvons tous nos adversaires du jour. Vérifications techniques, collage des numéros de portière, tout ce rituel désormais bien rôdé se passe dans une ambiance décontractée avant que le briefing des organisateurs nous ramène à la réalité : il va falloir maintenir tous nos sens en éveil pendant les quelque 180 km du parcours car, au vu des multiples modes et points de contrôle, et donc d’occasions de prendre des pénalités, chaque erreur se paiera cash !

Au CH de départ, nous échangeons donc, Aurélie et moi, notre formule favorite : « confiance, constance, concentration », en espérant qu’un coup de pouce de la chance nous permettra d’améliorer l’ordinaire.

La première partie de la matinée se passe plutôt bien : le roadbook est d’une clarté limpide, les portions de fléché-métré sont avalées sans hésitation. A peine plus d’atermoiements en découvrant les premiers calques à reporter sur des cartes au 1/50000ème. On a le sentiment que les pièges ne sont pas encore trop nombreux. De petits coups d’œil furtifs sur le bord de la route dévoilent les commissaires chargés des prises de temps, planqués aux intersections. Le premier point stop, à Cheffois, nous met en présence d’une caravane heureuse : le tracé est superbe, la pluie nous a oubliés, que demander de plus ? On prendrait bien à part les membres de l’organisation pour leur dire tout le bien qu’on pense de ce début de journée, mais déjà il faut repartir.

On nous distribue à nouveau une carte et des vermicelles sur calque, au sortir du CH. Aurélie s’affaire, elle va vite mais le chrono tourne, et je me dis que ce sera compliqué de rattraper ce « temps perdu » pour passer dans nos temps idéaux au cours des prochains kilomètres. Et c’est une erreur énorme ! Il est en effet indiqué sur la carte que le départ du CH doit se faire 10 minutes après la distribution des documents. Nous n’y avons pas prêté attention, ou plutôt nous n’avons pas compris ce que cela signifiait.

Et nous voilà à cravacher pour rattraper un retard que nous croyons insurmontable, alors qu’en réalité nous avons beaucoup trop d’avance ! Plusieurs concurrents se feront piéger comme nous, mais cela ne suffit pas à me consoler. Je suis d’autant plus furieux quand j’apprends, à la pause déjeuner, que nous n’avons raté aucun CP sur l’ensemble de ce parcours matinal. Quelle bourde, alors que nous pourrions être en tête ! Aurélie me dit que ce n’est pas si grave, qu’il y a encore de quoi se rattraper au cours de l’après-midi…

Elle a raison. Surtout que cela démarre par une ZR d’une douzaine de kilomètres, que nous déroulons sans difficulté. Encore une fois, le fléché-métré ne souffre d’aucune contestation, les kilométrages indiqués coïncident au mètre près avec notre trip, et mon cerveau joue plutôt bien le rôle du cadenceur que nous n’avons pas à bord. Nous ne prendrons que 3 secondes de pénalités sur cette ZR. Une carto à suivre ? On l’attaque avec la ferme intention de ne rien oublier sur le bas-côté. La pluie est revenue, peu importe, c’est du bonheur qui coule dans mes veines : les routes gras-mouillé, voire boueuses, sont un régal pour la Volvo qui survire à loisir, et je me surprends à provoquer moi-même les glissades, un peu comme si… j’avais des talents de pilote !

Une subtilité en agglomération nous coûte une petite minute de retard au CH de Faymoreau, c’est un moindre mal, je préfère me dire qu’on a sécurisé nos passages et que, peut-être, on fera un nouveau sans-faute question CP. Mais pour cela, il faudra être irréprochable au cours du dernier secteur, malgré la fatigue qui commence à gagner du terrain…

Nouvelle ZR, avec deux prises de temps où j’ai le sentiment de passer pas trop loin de nos secondes idéales. Pas d’hésitation non plus ni sur l’ultime carto, ni sur le fléché droit qui nous entraîne de villages en villages, sur des routes au profil toujours enchanteur. Hormis quelques centaines de mètres en trop qui nous valent de passer devant le dernier point de contrôle avec trois minutes de retard, on termine satisfaits. Bien sûr, ce ne sera pas une victoire, mais la correction immédiate de notre feuille de route est déjà une belle récompense : c’est la première fois que nous ne loupons aucun CP au cours d’un rallye.
Le buffet dînatoire de l’équipe de l’AMCO, bien garni, accueille un à un les concurrents dans une ambiance chaleureuse. L’organisation aura été parfaite de bout en bout, et sur tous les plans !

Certains nous avouent avoir galéré, commis des boulettes, parcouru de trop longs kilomètres dans une mauvaise direction… Nous ne connaissons que trop bien ces péripéties, pour en avoir connu pléthore l’année dernière. On compatit, on en rigole avec eux. Ces épreuves ont ceci de particulier que la réussite peut s’inviter chez les uns ou chez les autres à tout moment, que rien n’est jamais gagné ou perdu. Il s’avère que ce dimanche 30 avril sera à classer dans les très bons souvenirs pour Aurélie et moi : nous décrochons la 3ème place, heureux comme des gosses de renouer avec ce podium qui se refusait à nous depuis fin 2015.

La saison est encore longue, nous aurons bien d’autres occasions de connaître les erreurs, les fonds de classement, et les regrets qui vont avec… ou pas. Mais cette Ronde Classic de l’Ouest, nous ne sommes pas près de l’oublier !


-> Classement 2017

Texte : Antoine et Aurélie Charrière
organisation : AutoMoto Classic de l’Ouest (ACMO)
photos : Stéphane Moreau

-> Tout 2017...et l’édition 2016

[NDLR : Merci à Antoine et Aurélie d’être fidèles à NCR et de continuer à porter nos couleurs...jusqu’au podium ! Bravo à eux !]