Hommage à Fred Stalder (1942-2024)

A l’heure de te rendre hommage, qu’il nous fut difficile de retracer ton parcours en sport automobile sans faire d’impair, tant celui-ci fut riche. Mais nous ne pouvions te laisser partir sans évoquer, ni nous souvenir de ce que tu lègues au sport automobile français. Tu en auras écrit les plus belles pages durant près de 40 ans et nous tenions à en évoquer les plus beaux passages.

Tu faisais tes premiers pas en sport automobile au milieu des années 60 comme co-pilote. Ta route allait croiser celle de Jacques Henry scellant ce jour-là une très forte amitié. Votre duo à bord d’une Alpine A110 allait être fructueux avec une 2ème place au Rallye International des Routes du Nord et surtout une magnifique 3ème place au très exigeant Rallye Lyon Charbonnière Stuttgart Solitude. Mais très vite, tu aspirais à ton tour à tenir le volant. Après une pige en 69, tu t’engageais en 1970 en Formule Renault et terminais cette première saison à la 7ème place. Tu t’étais confronté à des pilotes comme Leclère, Serpaggi, Cudini, ou encore Laffite.

En 1972 tu passais à la F2 avec une Pygmée motorisée par Ford. A cette époque, la discipline était très exigeante et le plateau réunissait les plus grands comme Hill, Lauda, Depailler, Fittipaldi, Hunt pour ne citer qu’eux. En 1973, tu te tournais vers l’endurance. Cette période te permettra de t’aligner à trois reprises aux 24 h. du Mans au volant de Lola et de Chevron. Tu évoluais en 74 avec Jimmy Mieusset et François Servanin sur une Lola T292 à moteur ROC.

ROC, ce nom qui allait devenir une référence en sport automobile. En 1974, ton appétence pour la mécanique et le management t’avaient conduit à créer ta propre structure. A partir de là, tu allais progressivement te mettre en retrait du pilotage pour te consacrer à ton team et surtout au développement du moteur Simca-Chrysler 2 litres que tu avais pensé avec le regretté Hans Funda. Après avoir essuyé les plâtres, tu parvenais, à grand renfort de pugnacité, à faire de ce paisible bloc de berline familiale un redoutable propulseur de course. La consécration viendra en 1977 avec la victoire en 2 litres aux 24 H du Mans avec une Chevron B36 emmené par Pignard/Henry/Dufrêne. De très nombreuses victoires se succèderont avec ce moteur qui ne cessera d’évoluer. L’écurie ROC allait dès lors régner entre la fin des années 70 et le début des années 80 sur endurance mais surtout en course de côte avec notamment le titre de Marc Sourd en 1981.

Bien des pilotes auront pu enrichir leur palmarès grâce à toi. Loin de te reposer sur tes lauriers, tu te lançais de nouveaux challenges avec l’avènement du groupe B. En rallye raid d’abord avec l’engagement de trois Audi Quattro préparées pour le Dakar 85 puis en rallye avec l’une des premières 205 T16 pilotée par Bernard Darniche. Mais à la même époque, le Supertourisme était une discipline qui suscitait l’intérêt de nombreux constructeurs. En homme visionnaire, tu décidais de lancer ROC dans l’aventure avec des Audi 80 et 200. Très vite, le succès fut au RDV avec plusieurs titres en championnat de France entre 1986 et 1993 avec Xavier Lapeyre et Marc Sourd.

Homme de poigne au caractère bien trempé, tu insufflais à ton team une rigueur synonyme de succès. Là où une voiture ROC posait les roues, la victoire était très souvent assurée. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention de la maison mère d’Audi. Un nouveau chapitre s’ouvrait alors au niveau européen et les Audi ROC allaient continuer leur marche en avant. La consécration arrivait en 1996 avec le titre d’Emanuele Pirro dans le prestigieux championnat d’Allemagne. Avec son A4, Pirro enlevait 9 victoires et 15 podiums en 18 courses. Malgré des programmes très denses dans plusieurs championnats, ton implication en Endurance ne cessa jamais. Ton écurie et toi alliez connaître l’un de vos derniers grands succès en 2001 avec une victoire en LMP675 aux 24 h.du Mans avec une Reynard 2KQ LM Lehmann confiée à Jean-Denis Delétraz et Pascal Fabre. Puis les aléas de la vie allaient t’éloigner peu à peu des circuits. Nous avons tous aujourd’hui d’innombrables souvenirs de toi, ta voix douce et posée pouvait parfois laisser place à des coups de gueules mémorables. Mais n’est-ce pas là la marque des grands ?

Texte : Jean-François Duby
Crédit photo : Jean-Pierre BAINIER / Conrath / Bouvet


Hommage de Jean Paul Calmus

(journaliste et ancien promoteur de la course de côte)

"Je l’ai côtoyé dès les années 60 comme pilote. Sa R8 Gordini groupe 2 m’a fait baver d’envie à la CC de Sewen, c’était en 1967 je crois.
Je l’ai retrouvé 10 ans plus tard alors que j’étais reporter pour le magazine Echappement sur le Championnat de France de la Montagne où il dirigeait l’écurie ROC, dont les 4 cylindres "maison" ont équipé les monoplaces et les protos des animateurs du championnat qu’étaient Pignard, Sourd, Duby, etc.
C’est avec lui que j’ai fait la connaissance de Xavier Mathiot, le directeur sportif de YACCO, son fidèle partenaire, aux Relations Publiques duquel j’ai longtemps participé.
Fred était passionné de course comme un pilote, de technique comme un ingénieur et veillait aux moindres détails.
Je le revois encore à la course de côte de Super Lioran (Cantal) rectifiant la position d’un autocollant YACCO sur une petite 104 ZS que l’équipe m’avait confiée pour la course comme pilote invité. "Dans une équipe tout communique !" M’avait-il lâché. Sur ce point comme sur bien d’autres, il était en plein accord avec Xavier Mathiot."


 

Portfolio