Alpine/Regnier/Desseix : le trio gagnant !

Christophe Régnier nous propose aujourd’hui son compte rendu de la Finale de la coupe de France des rallyes VHC disputée les 12 et 13 Novembre à la Rochelle.

Il y a remporté avec son équipier, sur une Alpine A110 1600s groupe 4 de 1971, le titre en période 2 (1970-1976) mais aussi le titre officieux toutes catégories confondues (période 1, 2 et 3) sur 174 classés…

Champion de France 2010

Au moment de partir pour La Rochelle, je vérifiais que mon sac, déjà prêt pour la Finale annulée du Rallye de l’Indre était resté complet…J’y retrouvais même les jetons de Karcher que j’avais acheté à l’avance, en lavant ma voiture de tous les jours après les reconnaissances à la sortie de Châteauroux. De l’eau très chaude, de la pression, parfait pour nettoyer le ramasse miette bleu qu’est la Berlinette après le rallye…Bon là, direction les Charentes Maritimes pour retrouver ce magnifique Rallye et la famille LAUNAY, Pierre et Viviane, qui ont repris le flambeau de la Finale trois semaines avant l’épreuve…Joli tour de force…

Eric DESSEIX travaillant chez TCM/FERALU, nous avions convenu, avec Philippe PEAUGER, le Boss, que nous ferions assistance commune lors de la finale.

Amusant quand on sait que nous nous battions pour le Titre et que le jeune pilote de la Porsche 3 litres RSR aussi… En effet du haut de ses 70 ans, Jean Claude ANDRUET n’avait toujours pas digéré l’édition 2009 de l’épreuve où il avait dû composer avec des spéciales nouvelles pour lui, au contraire de Jean RAGNOTTI et Dominique DEPONS, qui finirent dans les étages supérieurs du podium, Jean Claude se contentant de la 3ème place…

Arrivés le mercredi soir sur place, nous mettons à l’abri le matériel chez nos amis BERTOUT qui avaient la gentillesse de nous accueillir, nous et la Berlinette.

Le jeudi matin, nous partons sous le déluge faire nos 3 passages en reconnaissances, le vent violent mêlé à la pluie donnait à la région de Surgères des allures de RAC Rally…
Jeudi soir, on décide de monter les pneus pluie sur l’auto afin de réduire le travail lors de la première assistance en sortie de parc fermé…

Vendredi matin, départ pour les vérifications techniques sur le parking d’un Hypermarché à la sortie de La Rochelle, où nous retrouvons notre copain Jean Claude CHERVIER très contrarié par une fuite d’eau sur le radiateur de sa belle Alpine A 310. Il préféra jeter l’éponge par crainte d’endommager son moteur. On espère le voir enfin sur des routes de rallye la saison prochaine.

José LEVEQUE et sa 5 Alpine et Laurent BAYARD et sa belle 911 groupe 4 arrivaient eux aussi, partis à 2 heures du matin de Béthune… Quand on aime…

Nous retrouvions avec plaisir André GRISON, le sarthois à la Kadett jaune, Dominique DEPONS qui nous racontait le plaisir qu’il avait pris avec Jean BOURGOIN son copilote au Rallye Costa BRAVA le week end précédent, les époux DURET qui ne roulaient pas cette année et Odile et Gérard BESSON et leur magnifique Berlinette ex usine.

La première épreuve chronométrée fut presque le fait de coller les autocollants sur l’Alpine sous la pluie et le vent…Un enfer… Cela ne voulait pas coller…Eric eu une super idée… trouver une vingtaine de pièces de 1 euro afin de sortir les caddies de leur abri et d’y mettre la berlinette…

C’est en fin d’après-midi que tout le monde se retrouvait sur le bateau amarré au pied de la Tour et devant le parc fermé.Un accueil digne d’un vernissage de galerie Parisienne.

Les TAN père et fils qui faisaient dédicacer le livre sur la 5 Alpine à Jean RAGNOTTI, les époux BAILLIERE, Marc LEMOINE le préparateur Alpine de Caen, Philippe LECAM et sa 911 bleu nuit, Jean BLAYON, l’organisateur (et pilote) du Rallye de Châteauroux qui nous rassurait sur l’édition 2011 de son épreuve.

Après ces retrouvailles fort agréables les choses sérieuses allaient commencer… Il fallait déjà trouver son assistance dans l’immensité du Parc expo et avec la nuit et la buée dans la Berlinette, ce n’était pas si simple…

Ensuite nous nous retrouvons au départ de la première spéciale….des flaques d’eau, de la boue, de la pluie par-dessus tout ça et bien sûr, la nuit ! Du vrai rallye en quelque sorte…

Dès le premier freinage il y a une évidence qui me saute aux yeux : en vieillissant on voit de moins en moins bien…Déjà que l’Alpine n’éclaire pas fort (les phares sont tellement bas que la portée n’est pas très importante), on cherche nos limites de freinage, on tâtonne et après 4 kilomètres la pédale de frein reste dure mais l’auto ne freine pas… J’ai encore loupé le rodage des plaquettes alors que j’avais parcouru 60 kilomètres pour vérifier l’auto et roder les freins…Je vais finir par faire sous-traiter cette opération que je loupe systématiquement…

On termine la spéciale sur la défensive et on fait le 10ème temps. Finalement nous ne sommes pas si mal, vu les conditions…

L’ami Laurent BAYARD, qui participait pour la première fois à l’épreuve, parvenait à réaliser le 3ème temps devant Monsieur RAGNOTTI himself !
[Laurent BAYARD ne pourra plus jamais laver sa combinaison, sinon la dédicace de Jeannot disparaitra]

Au départ de la deuxième je décide de rouler un ton au-dessus afin de mettre les pneus en température plus vite.

Là encore, dans un village entre deux maisons, je loupe mon freinage et l’Alpine part en luge entre deux batisses et s’arrête à 2 mètres du portail d’une maison…

Concert de cornes de brumes, applaudissements et surtout, marche arrière pour nous afin de se remettre dans la bonne direction.

Bilan : 11ème temps. Nous devions avoir un bon rythme car cet incident nous a fait perdre du temps et surtout de la confiance pour la suite de la spéciale…

Nous rentrons 9ème au général et 3ème de groupe…

Pour être titré, une 6ème place de groupe suffirait, donc après un mini conseil d’administration (autour d’un verre de Bordeaux) nous décidons que le lendemain il faudra rouler très très prudemment car sauf catastrophe mécanique (toujours possible sur une Alpine), nous devrions être titrés.

Cela n’allait pas être pas être si simple que ça…

Samedi matin, le ciel s’est calmé mais les routes sont humides et piègeuses.

Nous nous élançons dans la première spéciale sur un rythme calme pendant qu’Andruet enfonçait le clou et ne laissait que peu d’espoir à ses concurrents directs.

Nous finirons la première boucle en haussant légèrement le ton car à rouler à 70 % du potentiel de l’auto nous n’étions pas assez concentrés et toutes les bêtises restaient possible.

Nos amis TAN venaient nous demander si nous avions de soucis… “Non, on cherche un rythme pour aller au bout sans faire les cons…” Pas facile d’autant que malgré toutes les précautions prises, l’auto touchait beaucoup plus que l’an dernier. Le gel de l’hiver dernier ayant bien abimé les routes.

Nous perdions la Porsche des BAILLIERE sur problème mécanique, vraiment une saison à oublier pour eux…

Lors de l’assistance de la mi journée, tout le monde passait les pneus sec mais nous décidons de conserver les pneus pluie par sécurité, car leur hauteur nous permettait de préserver l’auto.

Petit à petit nous décomptions les spéciales qu’il restait à parcourir, et nous trouvions que la journée était bien longue…Devant, la course était jouée. ANDRUET et sa 3.0 RSR avait déjà beaucoup d’avance sur DEPONS et Jeannot RAGNOTTI se satisfaisait déjà de la 3ème marche du podium.

Rebondissement dans la spéciale 9 avec une crevaison pour les TAN…En les voyant garé sur le coté à 1 kilomètre de l’arrivée du chrono, nous ne comprenions pas pourquoi ils s’étaient arrêtés alors qu’il était sans doute possible de rouler au ralenti et de perdre moins de temps que les 3 minutes habituelles d’un changement de roue.

Olivier et Pierrick nous expliquerons après l’arrivée que cela faisait déjà 4 kilomètres qu’il roulaient ainsi et que le pneu se déchiquetait…Fort heureusement cela ne remettra pas en cause leur titre en période 3 (1976/1981). Abandon en revanche pour le local LECAM dont la Porsche 911 connaissait de nouveaux ennuis.

Nous nous retrouvons au départ de la dernière spéciale. La nuit avait fait son apparition et l’ambiance était “relativement” détendue à bord de la Berlinette… Les premiers kilomètres se passaient bien et petit à petit on croit que l’arrivée est proche mais on confond des virages et des enchainements car en fait elle est encore plus loin.

Dernier carrefour, on remonte les 5 rapports et on passe la ligne d’arrivée. Hurlement dans l’auto (quelques gros mots de circonstances aussi…) et la radio locale qui nous attend au point stop, en direct sur l’antenne FM.

Nous reconnaissons immédiatement les proches qui nous attendaient aussi. Mon père, Claire et Marie. On sort de la zone, les embrassades de la petite famille et un bisou sur le toit de la Berlinette pour la remercier. Nous avions déjà gagné des rallyes mais un titre, jamais…C’est une saveur particulière, surtout après un rallye où n’avons pratiquement jamais attaqué…Il aurait été tellement stupide d’aller poser l’Alpine dans un fossé ou de casser quelque chose..

Nous remportons le titre en période 2 (1970 à 1976) devant Jean Claude ANDRUET mais aussi toutes catégories confondues car nous sommes les seuls à passer la barre des 300 points avec 310 points exactement sur un total de 174 pilotes.

Ce titre vient clôturer notre saison entamée par la victoire Scratch au Rallye du TOUQUET, fin 2009.

Nous reprenons la route pour l’arrivée finale à Surgères où les festivités, comme l’ASA SPORT OCEAN sait les préparer , nous attendent.

Je devrai attendre lundi pour appeler André BERNARDIN et le remercier pour la fiabilité de l’auto. Plusieurs rallyes sans abandon, juste de l’essence, de l’huile et faire le pare brise, la qualité de son travail et sa gentillesse sont récompensées.

Cet hiver sera mis à profit pour la réviser entièrement : moteur (peut être monter d’un cran en cylindrée ?), boite, et train avant sont au programme.

Belle remise des prix le lendemain matin et retour vers Paris pour revenir le lundi à des choses plus…professionnelles mais avec la tête bien aérée de notre fantastique week end rochelais.

Pour conclure, un mot de Jean RAGNOTTI : “VHC veut dire Vieil Homme Compétitif !”

Texte : Christophe Régnier - www.rallyspirit.com
Photos : Pierre LAUNAY, Art of Doumé, Christophe Jouniaux

 

Portfolio