GPFH 2025 : Quatuor de divas françaises au Paul Ricard

Dans le cadre du 7ème Kennol Grand Prix de France Historique, organisé par le HVM Racing, nous nous sommes penchés sur l’histoire de quatre monoplaces françaises.

L’énigmatique « Mister John of B » était bien évidemment de la partie lors du Kennol Grand Prix de France avec une Ligier JS 17 de 1981 (photo ci-dessus) donnée pour être le châssis 005 sur les 6 construits sous la direction de Michel Baujon et Gérard Ducarouge. La JS 17 était une évolution de la JS 11/15 de 1980 qui avait offert la plus belle saison à l’écurie française, deuxième du championnat constructeur avec les 2 victoires de Didier Pironi (Belgique) et de Jacques Lafitte (Grande-Bretagne). Mais Ligier aspirait à avoir un moteur turbo comme les concurrentes les plus performantes de l’époque. En attendant, la JS 17 faisait appel au moteur Matra V12 M81. Ce dernier, bien que puissant avec ses 520 ch, restait encombrant.

Il était implanté dans un châssis monocoque mariant fibre de carbone et aluminium. La saison commençait avec le duo Lafitte/Jabouille, mais ce dernier fut remplacé dès le Grand Prix de France par Patrick Tambay. Après une entame de championnat difficile, Jacques Laffite se mettait à collectionner le podium dès le Grand Prix de Belgique avant de ramener la première victoire lors du Grand Prix d’Autriche en août 1981. Le pilote français récidivait au Canada. La JS 17 débuta la saison 1982 dans une version légèrement évoluée avant de céder sa place à la JS 19 à partir du Grand Prix de Monaco. Le châssis, après avoir été la propriété de Jacques Lafitte, s’est retrouvé dans la collection personnelle de « Mister John of B », qui nous fait la joie de l’aligner régulièrement sur les épreuves historiques.

Victor Jabouille a dû être particulièrement ému de se glisser au volant de la Renault RS10 que son père utilisait en 1979. La RS 10 succédait à la RS 01 qui, durant trois saisons (76 à 78), avait essuyé les plâtres de la motorisation turbo en F1. La RS 01 avait même assuré l’intérim en début de saison 79 en attendant l’arrivée de la RS 10 qui fut alignée pour la première fois lors du Grand Prix d’Espagne aux mains de Jean-Pierre Jabouille (abandon).

La RS10 se démarquait de son aîné par une motorisation V6 dotée de deux turbos. La saison se soldait par de très nombreux abandons, mais les rares fois où la voiture a pu rallier l’arrivée, ce fut souvent sur le podium. Cette voiture restera surtout celle de la toute première victoire d’une motorisation turbocompressée à l’occasion du Grand Prix de France à Dijon-Prenois. Ce jour-là, cette consécration pour Jabouille et sa monoplace fut complètement éclipsée par le duel d’anthologie entre la Ferrari de Villeneuve et la Renault d’Arnoux qui complétaient le podium. Le châssis RE22 présent est propriété du patrimoine Renault Classic et porte le numéro d’inventaire 307. Il est de toutes les manifestations liées à l’histoire de Renault Sport.

La Renault RE40 de 1983 pilotée par Adrien Tambay n’a jamais été pilotée en course par son père Patrick. Ce dernier rejoignait en effet le Team Renault qu’à partir de la saison 84 au volant de la RE50. Mais Tambay - sitôt libéré par Ferrari - avait eu l’occasion de prendre en main la RE40 lors d’essais libres au Castellet en novembre 1983. Le V6 Renault Gordini EF1 de 1,5 litre de la RE40 délivrait une puissance annoncée de 750 ch. en qualifications et d’environ 650 ch. en course. Les F1 de 1983 furent contraintes d’abandonner l’effet de sol, ce qui poussa les constructeurs à affubler leurs monoplaces de généreux ailerons pour compenser la perte d’adhérence en cours de la saison. Ce qui n’était pas sans donner une certaine agressivité aux voitures. Alain Prost, qui disputait sa troisième et dernière saison pour Renault, faisait équipe avec l’Américain Eddie Cheever.

La saison fut l’une des plus belles de Renault Sport, mais aussi la plus frustrante. Prost et la RE40 étaient en mesure de jouer les deux titres pilote et constructeur, mais la fin de saison tournait à l’avantage de Nelson Piquet et sa Brabham BT52B. Lors de l’ultime manche en Afrique du Sud, Prost devait renoncer suite à un problème moteur. La 3ᵉ place de Piquet lui permettait de remporter le titre pour deux points. Le titre constructeurs revenait à Ferrari, dont le duo Tambay/Arnoux s’était montré plus régulier dans les résultats. Mais Prost et Renault soupçonnaient Brabham d’avoir triché avec un carburant non conforme, ce qui s’avéra vrai par la suite. Renault ne voulant pas d’un titre sur le tapis vert ne porta pas réclamation. L’exemplaire ayant tourné au Castellet porte les couleurs d’Eddie Cheever et fait, elle aussi partie du patrimoine Renault Classic.

La dernière de nos divas n’a malheureusement pas connu les joies de la victoire comme les précédentes, mais le son de son V10 résonne toujours dans nos têtes. L’AP02 succédait en 1999 à l’AP01B qui fut la première véritable F1 développée par la toute jeune écurie Prost Grand Prix créée en 1997 après le rachat de Ligier. L’AP02 disposait de la version A 18 du moteur Peugeot V10 à 72°. Ce dernier gagnait 20 ch. par rapport à la version A 16 et délivrait à présent 785 ch. à un régime plus élevé de 15 700 tr/min. Ce bloc était accouplé à une boîte semi-automatique à 6 rapports développée par Prost GP implantée en position longitudinale.

Avec cette voiture, Olivier Panis et Jarno Trulli ne rentrent dans les points qu’à quatre reprises (une 2ᵉ place et trois 6ᵉ places). Avec 14 abandons, le bilan était très loin des espérances d’Alain Prost. Le moteur V10, bien que très performant et puissant, s’avérait encore fragile de même que la boîte de vitesses. Le châssis présent au circuit Paul Ricard est le châssis N°001 (sur les 7 construits) propriété de l’écurie de Pilotage AGS, sorti des chaînes d’assemblage le 09/12/1998. Il ne fut jamais utilisé en course, mais uniquement lors de tests dans le cadre des Grands Prix d’Australie et du Brésil. Il fut par la suite mis aux enchères sans moteur lors de la vente de l’écurie Prost Grand Prix en mai 2002 pour un prix de 47 000 € (hors frais). Remis en état de fonctionner par AGS, il fait aujourd’hui la joie de nombreux Gentlemen Drivers comme Franck Dezoteux engagé sur le plateau F1 90’s Formula GP.

ARTICLE ET PHOTOS : DUBY Jean-François

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