Monte-Carlo Historique 2023 : victoire du duo suisse Claudio Enz & Cristina Seeberger (Lancia Fulvia 1.3S)

Lancia et la précision suisse, accord parfait !

Lieu emblématique de l’histoire du Rallye Monte-Carlo, le Col de Turini et ses alentours furent les juges de paix de cette XXVe édition.

À l’issue des 148km de cette Étape Finale disputée de nuit ce mardi soir, c’est le duo suisse Claudio ENZ & Cristina SEEBERGER qui s’est imposé au Classement Général, à bord d’une Lancia Fulvia 1.3S de 1970. Régulier tout au long de l’épreuve depuis samedi dernier, ce jeune équipage helvète (32 & 28 ans) décroche une première victoire en Principauté. Ils inscrivent leur nom au prestigieux palmarès de l’histoire de ce Rallye à l’occasion de leur 5e participation commune.

Mardi 31 janvier retour sur la dernière journée de course

Suspens avant la nuit du Turini

Fin de l’Étape Commune ce mardi après-midi avec l’arrivée sur le Port Hercule en Principauté. Le Rallye a quitté Valence de bonne heure ce matin pour prendre la direction des 3 spéciales au programme du jour, où régnait un air de WRC.. ! A quelques minutes de l’Étape Finale, suspens dans la lutte pour la victoire sur cette 25e édition. 2 équipages se tiennent dans un mouchoir de poche : la Lancia Fulvia 1.3S de Claudio ENZ / Cristina SEEBERGER et la Volkswagen Scirocco d’Ilya KASHIN / Boris KOSTYRKO.

Lancia vs Volkswagen

Retour sur les grands moments de cette journée.

Réveil matinal pour la caravane du Rallye Monte-Carlo Historique. A partir de 7h00, les premiers équipages ont pris le départ en direction de la Saint-Nazaire-le-Désert, théâtre de la première spéciale de ce mardi.

SR 12 - ST-NAZAIRE-LE-DÉSERT / LA MOTTE-CHALANCON - 19.97 KM
Perroud-Allais font coup double !

La première spéciale de régularité de la journée, dans la Drôme, entre Saint-Nazaire-le-Désert et La-Motte-Chalancon (SR12, 19,97 km), avait tout pour réveiller les pilotes partis de Valence très tôt. Le soleil était rasant, donc il fallait être vigilant, et la route était assez sinueuse, dans une version inédite par rapport à la spéciale habituelle du Rallye Monte-Carlo Historique. C’était donc une bonne mise en appétit, surtout pour Pascal Perroud et Guillaume Allais qui s’étaient déjà imposés dimanche après-midi dans la SR10, à bord de leur Porsche 911 Turbo de 1969.

Ils ont eu l’honneur et le privilège de devancer les vainqueurs de l’an dernier, les Belges Philippe et Antoine Cornet de Ways Ruart, dans une autre Porsche à peine plus âgée (1965). Ceux-ci ont fini la SR12 à égalité avec les leaders du classement général lundi soir, le duo suisse Claudio Enz-Cristina Seeberger (Lancia Fulvia Coupé 1.3S), et avec la Fiat 128 Coupé de Yannick Villar et Vincent Bourdil. Dans la descente finale, il y avait quelques plaques de verglas et de la neige, alors certains avaient décidé de partir avec des pneus à clous, notamment Bruno Saby (Ford Capri), vainqueur 1988 en WRC et 4e du classement général en partant ce matin de Valence.

SR 13 - MONTAUBAN-SUR-L’OUVÈZE / LABOREL - 18.92 KM
Surprise à tous les étages

Le résultat de la SR13 entre Montauban-sur-l’Ouvèze et Laborel, une spéciale longue de 18,92 km dans un joli paysage, en montant et en descendant le fameux Col de Perty (un peu de neige dans la descente), n’a pas chamboulé le classement général du 25e Rallye Monte-Carlo Historique. En effet, les premières lignes de la feuille de résultats ont été monopolisées par des équipages relativement discrets depuis le départ.

Avec au bout du compte une arrivée dans le village de Laborel où se trouve un Musée du Rallye Monte-Carlo. Comme d’habitude, l’accueil a été chaleureux, notamment pour les vainqueurs espagnols, l’équipage de la BMW 323i de 1981 engagée par Luis Climent Asensio et Victor Buades Castillo. Ils ont notamment été plus efficaces, dans cette SR13, que les Français Etienne Goldet et Frédéric Neymon, dans une Alpine A310 V6 de 1977, et que deux équipages norvégiens embarqués dans une Lancia Fulvia HF et une Porsche 911 SC.

SR 14 - THORAME-HAUTE / LE FUGERET - 18.45 KM
Le festival Porsche continue…

Une autre Porsche s’est imposée mardi dans ce Rallye Monte-Carlo Historique, dans la SR14 (18,45 km), ce qui porte à cinq victoires de spéciales le bilan provisoire de la marque de Stuttgart dans cette 25e édition, avant même le grand final nocturne dans le Col de Turini. Après celle des vainqueurs belges de l’an dernier, dans la SR1, puis la 356B d’un couple finlandais dans la SR9, puis la 911 Turbo de Perroud-Allais dans la SR10 et la SR12, c’est une 911 SC de 1979, celle des Norvégiens Soren Jensen et Jakob Knudsen, qui a mis tout le monde d’accord dans la dernière spéciale de l’Etape Commune, sur le chemin du retour vers Monaco.

CH14 La Turbie

C’était la troisième fois en quatre mois qu’un Rallye Monte-Carlo empruntait la fameuse Colle Saint-Michel, après le E-Rallye en octobre et le WRC en janvier. Mais cette fois-ci dans l’autre sens, entre Thorame-Haute et Le Fugeret.

Et la Mer Méditerranée apparut ! Après 409km de liaisons et de spéciales, place au traditionnel Contrôle Horaire de La Turbie, dernière étape avant de plonger vers la Principauté de Monaco.

Fin du long périple avec l’arrivée en Parc Fermé dès 15h40 sur le Port Hercule. Place à quelques heures de repos avant d’affronter la tant attendue Nuit du Turini.

Monaco.... avant la dernière nuit !

La dernière nuit

Les hostilités ont débuté dès 21h mardi soir avec un départ depuis le Port Hercule, sous les yeux de beaucoup d’admirateurs venus pour l’occasion. Destination.. Col de Braus !

SR 15 - COL DE BRAUS / LANTOSQUE - 34.35 KM
Lancia, une étoile dans la nuit

La dernière nuit du 25e Rallye Monte-Carlo Historique a débuté par un monument, la SR15 entre le Col de Braus et Lantosque (34,35 km). Il y avait bien quelques traces de verglas, dans le Col de Castillon, mais pas assez pour gêner vraiment les 227 équipages rescapés de cette édition 2023 formidable à tous points de vue. Une Lancia Fulvia visait la victoire au classement général, mais c’est un autre modèle de la marque mythique qui s’est mis en valeur dans cette SR15, la Beta Coupé 1800, de 1975, engagée par les Italiens Maurizio Aiolfi et Carlo Merenda. Elle a fait mieux que la BMW 323i des Espagnols Luis Climent Asensio et Victor Buades Castillo, encore une fois aux avant-postes, avec à la 3e place les Tchèques Jan Schmied et Pavel Kacerovsky, embarqués dans une Skoda 130 RS de 1976.

SR 16 - LA BOLLÈNE-VÉSUBIE / MOULINET - 22.33 KM
Alfa, Opel et Renault, joli trio dans le Turini

La dernière épreuve spéciale de régularité (SR16, 22,33 km), comme un dessert, comme une récompense après une semaine d’efforts et de vigilance au volant, a permis aux concurrents du 25e Rallye Monte-Carlo Historique de toucher le Graal des rallymen du monde entier, de rouler pour le plaisir dans ce fameux Col de Turini qui déchaîne les passions depuis si longtemps. Il faisait froid, mais encore une fois les commissaires de l’Automobile Club de Monaco étaient là, fidèles au poste, pour veiller à la sécurité des concurrents jusqu’à tard dans la nuit. L’histoire retiendra qu’une Alfa Romeo 2000 GTV de 1973, une Opel Kadett GTE de 1978 et une Renault 5 Alpine Turbo de 1982 ont terminé en tête, ex-aequo, cette dernière spéciale, comme un bouquet final parfait dans la nuit du Turini. Et que la Lancia Fulvia N.242 des Suisses Claudio Enz et Cristina Seeberger est ensuite redescendue tranquillement sur le port de Monaco pour pointer au dernier contrôle horaire et sceller sa victoire au classement général. Une victoire amplement méritée…

Tout est bien qui finit bien. L’une des voitures les plus suivies, observées, admirées du 25e Rallye Monte-Carlo Historique, la Lancia Fulvia 1.3 S, de 1970, parfaitement emmenée par un duo suisse aussi sympathique que performant, Claudio Enz et Cristina Seeberger, l’a finalement remporté, et ajouté une nouvelle ligne au palmarès de la marque italienne en Principauté. C’est en effet la quatrième victoire d’une Lancia dans la version historique du Rallye Monte-Carlo, après celles de 2002, 2005 et 2018. Et à chaque fois c’était une Fulvia, comme en 1972 dans le Mondial des rallyes, qui ne portait pas encore le label WRC. C’était après la victoire de Louis Chiron en 1954 dans une Lancia Aurelia, et avant l’épopée des Stratos, 037 et autres Delta qui ont raflé 11 autres victoires entre 1975 et 1992.

Des Lancia, dans cette édition 2023, il y en avait beaucoup, et les fans massés au bord des routes et dans les villages en ont pris plein les mirettes. Celle du tandem Enz-Seeberger était particulièrement remarquable, dans sa robe rouge à capot noir, comme avant, à la grande époque. Elle l’a aussi été par sa précision dans les spéciales de régularité, car toujours aux avant-postes et bien placée pour la victoire finale, cueillie dans la nuit de mardi à mercredi, du côté du Col de Turini.

« Nous ne nous attendions pas à un tel résultat, donc nous sommes très contents », a dit Enz, 32 ans, dans un italien parfait, sur le podium d’arrivée. « J’avais une voiture parfaite, une copilote géniale, on a fait ce qu’il fallait et tout s’est bien terminé », a ajouté le pilote suisse, victorieux pour sa 6e participation à l’épreuve, et parti de Turin la semaine dernière avec une copilote de 28 ans qui l’a très bien secondé. Cela fait donc 17 victoires au total pour Lancia en Principauté de Monaco, dont 13 dans le Rallye Monte-Carlo et quatre dans sa version historique, série en cours.

Quand on regarde de plus près le classement général officiel de cette 25e édition, validé mercredi à midi par l’Automobile Club de Monaco (ACM), on voit que l’éclectisme est de mise, avec une variété incroyable de marques de légende : il y a 11 marques différentes aux onze premières places, et même 12 dans le Top 15, car Lancia place trois modèles et Ford deux. Mention spéciale pour Porsche, qui a raflé cinq victoires de spéciale sur 16 disputées, grâce à quatre modèles différents.
Sur les deux Ford classées dans le Top 15, sur plus de 270 engagés et 232 arrivés, il y a la Ford Capri 2300 S que Bruno Saby a pilotée pendant une semaine entière. Vainqueur en 1988 dans une Lancia Delta HF, le très populaire Bruno, pas avare d’anecdotes, a été accueilli en héros partout où ce rallye s’est arrêté, et c’était mérité. Il a aussi terminé 4e du classement général, sur plus de 200 engagés, car quand un tel pilote participe à un Rallye Monte-Carlo, c’est rarement pour faire de la figuration.

Un autre ancien vainqueur, Jean-Claude Andruet, a lui aussi ravivé les souvenirs des nostalgiques au volant d’une superbe Berlinette Alpine-Renault, la même ou presque que celle qu’il avait emmenée à la victoire en 1973, il y a tout juste cinquante ans. Car c’était bien un Rallye Monte-Carlo Historique, à tous points de vue, et la remise des prix, mercredi soir à partir de 20h30, ne pouvait avoir lieu qu’au Sporting de Monte-Carlo, dans la Salle des Etoiles. Comme les myriades d’étoiles qui ont brillé dans les yeux des pilotes, des copilotes et des fans de rallye, dans les voitures, le long des routes et dans tous les villages traversés, pendant une semaine de bonheur partagé. Vivement 2024 !

Rendez vous en 2024

Podium général 2023

1 242 ENZ Claudio/SEEBERGER Cristina IIB 14701 Lancia Fulvia Coupe 1.3S (1970)
2 17 KASHIN Ilya/KOSTYRKO Boris +50IVH 15201 Volkswagen Scirocco (1982)
3 253 CHIESA Giovanni/CHIESA Tiziana +130IB 16014401 Alfa Romeo Giulia Ti 1600 (1965)
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1er
2e
3e

HOMMAGE
Adieu Joseph Lambert !

Il est parti au paradis des copilotes de rallye, vendredi dernier, alors que se terminait le parcours de concentration du 25e Rallye Monte-Carlo Historique : Joseph Lambert, triple vainqueur de l’épreuve (2007 dans une Porsche, 2010 et 2012 dans une Opel Kadett) faisait partie intégrante de l’histoire de l’épreuve monégasque, mais aussi de l’histoire du rallye en Belgique et surtout au Luxembourg, son pays natal, il y a 73 ans.

En Principauté, il a aussi remporté la version Energies Alternatives, ancêtre du e-Rallye, aux côtés de Bernard Darniche. A son palmarès, il a aussi le Tour de Belgique, le Rallye Costa Brava, trois fois, le Liège-Rome-Liège, le Portugal Historico, l’Andalucia Classic, l’Asturia Classico, le Spa Rally, le Trophée des Alpes, l’Ardennes Roads, le Rallye des Asturies, etc.

Joseph Lambert était ensuite devenu le ’maître des routes’ de plusieurs grandes et belles épreuves auxquelles il avait participé : le Liège-Rome-Liège, le Marathon de la Route, les Classic Spring Roads, la Göhltal Classic, l’Ostbelgien Classic dont il avait tracé le parcours de l’édition 2022, finale du Trophée FIA des Rallyes Historiques de Régularité. C’est son fils Patrick, copiloté par Yves Noelanders, qui a décroché le titre suprême. La boucle était bouclée. Adieu Joseph !


Organisation :

Automobile Club de Monaco

©orga - JM Biadatti Photoclassicracing - Reynaud Guillaume Photography

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Portfolio

 

Documents joints


 Classement final 2023 (PDF - 545.5 kio)

 Classement final par équipe 2023 (PDF - 279.9 kio)