Peugeot : 125 ans de sport automobile (2/3)

Peugeot célèbre cette année les
125 ans de son
investissement en sport
automobile - En voici l’épisode 2 :

Après la deuxième guerre mondiale,
la priorité des constructeurs
européens est surtout la
reconstruction plus que le sport
automobile. La plupart des usines ont été
bombardées et les rares d’entre elles encore
en état de fonctionner sont nationalisées avec
la gestion calamiteuse qui en découlera. La
marque sochalienne entreprend sa
renaissance avec la 203 aux inspirations très
américaines.
Cette sage et sérieuse berline n’a
rien de sportif mais suscitera l’intérêt de
quelques préparateurs notamment d’un certain
Constantin qui lui greffera un compresseur à
bain d’huile de son invention. Alexis Constantin
allait s’aligner dès 1951 aux 24 h. du Mans
avec une 203 préparée par ses soins.

La 203 Constantin au Mans en 1952

Le toit avait été rabaissé de quelques
centimètres en faveur du poids et de la
résistance aérodynamique. Les éditions 1951
et 1952 se soldèrent par des abandons mais
en 1953 la plus aboutie des 203 Constantin
franchissait la ligne à une très belle 25ème
place.
Cependant, la 203 avait ouvert dès 1951
un autre chapitre qui allait assoir définitivement
la réputation de fiabilité des Peugeot avec les
grands raids. C’est une version pour le moins
inattendue de la gamme qui s’élançait sur les
redoutables et exigeantes routes africaines.

Paris – Le Cap

En
effet c’est avec une 203 Commerciale que
André Mercier et Charles de Cortanze allaient
rallier en 17 jours les 15 000 km séparant
Paris du Cap en passant par Alger, Kano,
Fort-Lamy, Stanleyville, Elisabethville,
Johanesburg. Le plus extraordinaire est que
cette 203 avait son moteur d’origine sans autre modification qu’un radiateur plus gros. Un
deuxième réservoir fut installé pour garantir
une plus grande autonomie.

La 403 qui allait remplacer la 203 n’était elle
non plus pas vouée à s’aligner dans les
compétitions sportives. Mais sa légendaire
robustesse attira des concurrents privés qui
n’hésitaient pas à l’aligner dans des rallyes
exigeants. La 403 brilla notamment en
Amérique du sud
où elle se construisit un
beau palmarès. En presque 10 ans de carrière,
la 403 s’imposa dans de nombreuses
catégories des plus grandes épreuves de son
époque.

Peugeot capitalise sur les succès

Les années 60 voyaient l’arrivée de la
sculpturale 404
mais aussi une implication
officielle de Peugeot dans le sport automobile.
C’est une fois de plus en terre africaine que
Peugeot allait s’illustrer en enlevant à 4
reprises le redoutable East African Safari
Rally entre 1963 et 1968. Peugeot s’était adjoint les services de pilotes locaux comme le
Kenyan Nick Nowicki ou l’Anglo-Tanzanien
Bert Shankland

Les victoires de 1963 et 1968 (avec l’équipage
Nick Nowicki et Paddy Cliff) furent les plus
belles en raison des conditions dantesques ces
années-là.

Seules 7 voitures lors de ces deux éditions
purent rallier l’arrivée
. A noter qu’en 1963 sur
les 7 voitures classées il y avait 3 Peugeot
(deux 404 et une 403).

Mikkola et Todt redoutables avec la 504

Les années 70 allait conforter l’image de
Peugeot dans les rallyes exigeants
. La
nouvelle 504 venaient étoffer le palmarès
africain de Sochaux. En 1975, avec une berline
504, le finlandais Hannu Mikkola secondé par
un certain Jean Todt
enlevait le Rallye du
Maroc et le Bandana Rally.

L’année suivante voyait l’arrivée de la version
coupé de la 504 équipé du V6 PRV. C’est avec
cette nouvelle voiture que Timo Mäkinen et
Liddon Henry allaient s’imposer au Bandana
Rally.

Ils devançaient au général quatre autres
Peugeot 504 berline. Cette année-là, seules 8
voitures étaient à l’arrivée et l’on dénombra
pas moins de 43 abandons. Jean Pierre
Nicolas enlevait de son côté le Safari Rally
mais avec la berline.

Le Coupé V6 en route vers la victoire

En 1978 Jean-Pierre
Nicolas allait s’imposer au Safari Rally et au
Rallye de Côte d’Ivoire au volant du coupé
504 V6.

Si la Peugeot 504 était d’une redoutable
robustesse elle n’en était pas moins archaïque
et dépassée pour prétendre s’imposer au
championnat du Monde des rallyes. Nous
basculions alors dans les années 80, celles
des groupe 4 et groupe B dominées alors par
les 4 roues motrices initiées par l’Audi
Quattro.
Sur le plan commercial, Peugeot
n’était pas au mieux et les priorités d’alors
étaient ailleurs. Sochaux allait essayer de
sauver la marque avec la nouvelle 205. Le
succès fut immédiat tant cette petite voiture
était pétrie de qualités. Alors que Peugeot
reprenait des couleurs, le département
compétition alors dirigé par Jean Todt, décidait
de lancer le projet d’une version 4 roues
motrices à moteur central arrière
pour s’aligner
en Groupe B. Un défi pour l’entité Peugeot
Talbot Sport qui va en quelques mois élaborer
une voiture sur base de 205 qui sera en
mesure de s’aligner pour les quelques derniers rallyes de la saison 1984 avec Ari Vatanen et
Jean-Pierre Nicolas comme pilotes officiels.
Après les deux premiers rallyes (Tour de
Corse et Acropole) se soldant par 3 abandons
et une 4ème place, l’équipe Peugeot en tirait les
conséquences pour améliorer et fiabiliser cette
auto
qui semblait bien née.

La 205 T.16 d’une folle époque

Dès sa troisième
participation la 205 entre dans l’histoire en
s’imposant à 3 reprises (1000 Lacs, San Remo
et le Rac) aux mains d’Ari Vatanen.
Malgré sa demi-saison, Peugeot enlève la 3ème
place au classement des constructeurs. A
partir de cet instant, Peugeot va jeter toutes
ses forces dans le championnat du Monde et la
consécration viendra dès 1985 avec le titre
pilote pour Salonen et le titre constructeur
. Ce
fut pourtant une saison ternie par le terrible
accident de Vatanen en Argentine qui
l’éloignera de la compétition pendant plus de
deux ans.

Toujours sur sa lancée, Peugeot Talbot Sport
ne cesse de faire évoluer la 205 et une
Evolution 2 fait son apparition dès 1985. La
saison 86 sera celle de tous les excès et de
tous les dangers. Après une lutte épique avec
la Lancia S4 faite d’accidents et de drames,
c’est finalement le pilote finlandais Juha
Kankkunen qui empochait la couronne et
offrait un deuxième titre à Sochaux.
Ce fut
également le clap de fin pour ce qui reste à ce
jour la plus folle et incroyable époque du rallye.
La course à la démesure avait poussé les
constructeurs à produire des machines à tuer.
C’en était fini pour les groupes B et Peugeot
se retirait après seulement deux saisons et
demie...

-> La suite...

Article : Jean-François DUBY - Auto Full News
©DR
photo1 : La 403 cache son jeu
-> relire l’épisode 1

 

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