Un beau séjour tout en régularité à Chatelaillon

1er CLASSIC CHARENTE-MARITIME 1er et 2 septembre.

A la fois humble et confiante, la joyeuse bande organisatrice du SAO espérait bien que sa première « rallye-party » façon régularité soit belle et réussie. Elle aura en définitive été magnifique et au-delà de son succès, elle aura remis au goût du jour quelques pratiques parfois devenues désuètes de nos jours dans le sport auto ; la navigation, la lenteur, sans oublier le jardinage !…

Après le forfait de dernière minute de deux Porsche (il n’y en aura tout de même 11 sur la ligne de départ !) et plus dommageable, celui de la seule Morris Cooper engagée (une authentique Mini de 1960 !), nos 36 belles anciennes autorisées à prendre le départ s’installaient confortablement samedi matin autour de l’Espace Beauséjour en un élégant et chatoyant parc automobile sertissant ce majestueux écrin de pierre et de verre, entièrement rénové. A coup sûr, la première victoire de cette épreuve inédite aura été son cadre, assorti d’une totale implication de la municipalité chatelaillonnaise.

En donnant le départ sur un front de mer gorgé de soleil et d’estivants, la Municipalité de Chatelaillon pouvait d’emblée mesurer le bon esprit qui régnait et toute la passion automobile qui animait équipages et spectateurs. Côté autos, elles étaient nombreuses à porter fièrement pas moins de quarante bougies (les plus anciennes datant même de 1965 !). Et si d’aucun pouvait penser que les « grosses berlines » (Porsche, Alpine, Maserati, BMW ou autres Lancia) allaient forcément s’imposer, c’était bien mal connaitre les principes mêmes de ce rallye.

Car en s’élançant depuis le bord de l’océan, qui plus est un jour de fort coefficient et à l’heure où la marée se faisait haute, les concurrents allaient très vite se trouver confrontés à de sérieux problèmes de navigation… Tous allaient devoir souquer ferme... Le risque majeur était de se perdre et qui sait, de rester en rade. En régularité, le maillon fort de l’équipage est à l’évidence le copilote. Malheur donc aux « chauffeurs » qui n’obtempéreraient pas aux injonctions et aux intuitions de leur « navigo » préféré.

La Sovam de Philippe BERNEUX - Séb DOLLAT aura été l’une des grandes attractions du week-end

Car avec une découverte du parcours à la seconde même de l’abaissement du drapeau tricolore, s’ensuit tout un tas de calculs savants prenant en compte la moyenne imposée (< 50 km/h), sans oublier l’exigence de ne pas zapper le moindre contrôle caché ou bien visible. Il y avait dans chaque habitacle matière à cogiter, à s’énerver même, à s’empoigner joyeusement, voire à s’engueuler parfois. Dès le premier secteur, le ton était donné et au retour sur le front de mer, après moins de 2 heures de navigation, ils étaient nombreux à s’être écartés du bon chemin, à avoir fait des demi-tours ; ils étaient à la dérive. Dans la jargon auto, on dit que tout ce petit monde jardinait…

Aussi, il n’aura pas été étonnant de voir les spiders et autres cabriolets de tous âges décapotés tout au long du week-end, ne serait-ce que pour s’aérer les neurones tourmentés, voire agacés, avant de mieux repartir pour galérer un peu plus encore mais en douceur sur les routes et chemins tortueux de notre Aunis endimanché.

En distribuant des tables de moyennes à tous les concurrents, l’organisateur avait pourtant fait le choix de niveler quelque peu les talents… ainsi que les ambitions de ceux qui parmi les plus aguerris étaient venus avec toute l’artillerie télémétrique prisée des plus grands spécialistes. Notre volonté, pour ce tout premier galop d’essai qui nous faisait effleurer l’hippodrome local ( !…) avait été de faciliter la tâche de ceux qui débutaient, notamment des 9 équipages composant la catégorie Découverte (hors classement FFSA).

Deux étapes et 350 km plus tard, l’exigeante régularité de ce 1er CLASSIC CHARENTE-MARITIME avait choisi ses vainqueurs, ses bons et moins bons élèves, ce à l’avant-veille de la rentrée… Et là, surprise, les « petites autos » raflaient la mise ainsi que les récompenses aussi peu sonnantes que trébuchantes qui étaient promises à tous, puisque seuls quelques coupes, livres et tous petits lots en nature étaient à convoiter. Si les vainqueurs avouaient eux aussi avoir commis des erreurs de navigation, il était clair que ceux qui avaient parcouru le plus de km (et certains ne s’en seront point privés, « jardinant » gaillardement) avaient de fortes chances de tomber dans les profondeurs du classement, sans toutefois être allé jusqu’à plonger dans le lac de Frace, aux abords d’Aigrefeuille. Peut-être aussi, valait-il mieux disposer d’une auto plus « haute sur pattes » que puissante pour avoir les meilleurs chances d’apprécier pleinement ce beau séjour à Chatel…

Nombreux en effet étaient ceux qui le dimanche, à l’heure de ce café matinal qui vous remet la tête bien à l’endroit et les chronos à zéro, s’étonnaient d’avoir dû emprunter, qui plus est de nuit, des chemins de traverse plutôt caillouteux et escarpés. Vers 10 heures, au Rucher du Gué (commune du Gué d’Alleré) où les concurrents se voyaient offrir une brève mais savoureuse « lune de miel » réparatrice, entre 2 secteurs de régularité, quelques vérifs de niveau d’huile révélaient aux curieux une incroyable couche de poussière enveloppant des mécaniques d’ordinaire immaculées et bichonnées. A titre d’exemple, nous retiendrons l’état d’encrassement du tout petit moteur (875 cm3) de la rarissime Sunbeam Chamois (1969) de Jean-François LASSAUX. A l’évidence, le fiston Jean-Baptiste, en charge de la navigation familiale, aura fait tirer tous les bords règlementaires à son pilote obéissant de père.

La visa GTI de l’équipage Boinot

Après coup, à l’heure de la remise des prix l’ami Gilbert BALLET fut aimablement taquiné sur le sujet. Responsable en chef du parcours et du road-book « fléché-métré », il assumait pleinement ses choix et la contrainte qui avait été la sienne, sans s’être voulu « tordu ou piégeux » à l’égard des concurrents, de devoir emprunter quelques « routins » et chemins pour le moins délicats, au point de faire parfois douter les navigos dans le choix de leur trajectoire.

A ce jeu de piste, sorte de jeu d’enfant ici façonné pour les grands, avec ses contournements ses détours et ses surprises, c’est le vaillant équipage de l’ASAC des Deux-Sèvres Jack BOINOT – Richard BOINOT qui imposera son savoir-naviguer et sa quasi-parfaite maitrise du temps, à bord d’une petite Visa GTI de 1987. Juste derrière, avec une belle 2ème place au scratch, la Golf paternelle toute noire (millésimée 1980), drivée par les frangines Delphine et Caroline, s’offrait des galons de championne. Porteuses comme au temps de leurs Rallyes d’Automne de la tunique bleue ciel estampillée « Les Filles de La Rochelle dans la course », elles donnaient d’un coup d’un seul à papa Jean-Roch, « Le Boss » du Comité Régional du Sport Auto (CRSA), une réelle émotion assortie d’un sentiment de fierté à peine dissimulé. Les vendéens Yannick et Martine DESCHAMPS (Golf GTI) qui d’ordinaire sont de dévoués serviteurs bénévoles sur les épreuves SAO, connaissaient pour une fois le plaisir de courir et la douce ivresse de décrocher un podium (3èmes).

Bien que ne figurant pas en tête des classements, les véritables attractions de cet élégant défilé automobile furent certainement la SOVAM 850 toute bleue (1965) du niortais Philippe BERNEUX, la CG C1300 toute verte (1973) d’Alexandre & Michel BOURDEAU ou encore les Lancia Fulvia des années 70 de Patrice MALAZERAT (la rouge) et de Thierry COLLARD (la toute jaune). Frêle mais agile, l’insolite petite Sunbeam Chamois vert-métal sera repassée une dernière fois sur le front de mer ensoleillé, dimanche vers midi, pour se dépoussiérer les ailes, sous les yeux aussi étonnés qu’admiratifs des chatelaillonnais et des estivants en ballade. Ils surent s’arrêter et marquer un arrêt prononcé, emprunt de respect pour ces « vieilles caisses », radieuses et fière de se promener elles aussi.

Au chapitre des anecdotes, nous retiendrons que Michel MONNEREAU, ancien vainqueur du Rallye d’Automne 1956, était 56 ans après, à nouveau sur une ligne de départ, navigué désormais par son épouse Françoise. Bien que sachant devoir disputer une étape de nuit, il vint sans lecteur de carte, sans le moindre éclairage intérieur et n’eut que le compteur hectométrique de sa Porsche 911 trentenaire pour mesurer les distances !... Prenant toujours le départ d’un rallye avec pour unique ambition de le gagner, il dut cette fois abandonner très rapidement tout espoir de lauriers et se livra avec Madame à une aimable et gentillette ballade touristique à travers la Plaine d’Aunis. A l’issue des festivités, son plaisir était néanmoins total ; il était ravi d’avoir passé le week-end avec des amis et l’équipe porschiste du Team A.R.Sport, partenaire du SAO pour cette 1ère édition.

Enfin, parmi les 9 équipages néophytes en matière de régularité mais néanmoins tous épris de Découverte, les meilleurs furent britanniques. Michael HICKS et John NEWMAN sur leur resplendissante Porsche 914-6 GT (d’un vert irlandais incomparable) jardinèrent visiblement moins que les autres et décrochent la timbale.

Seconds, Raymond PINCHEMAIL et Benjamin SARCY n’eurent même pas besoin de solliciter les 230ch de leur ronronnante Porsche 911 ClubSport ; leur performance était ailleurs. Le podium était complété par Alexandre et Michel BOURDEAU qui sans complexe aucun hissaient leur rarissime CG C1300 de 1973 (95 exemplaires seulement au monde !) juste aux côtés de la puissante berline allemande.

Enfin, en tête de l’ultime classement proposé, celui du Challenge Sèvre & Mer, on retrouvait deux Porsche à égalité, visiblement désireuses de marquer leur territoire, voire d’imposer le respect à leurs congénères. Ce podium allait aussi être une affaire entre deux-sévriens puisque les niortais raflaient les 3 marches du podium. Jacques DELLA GASPERA – Christophe PELLETIER, sur une 911 SC de 1982, arrivés ici en pôle position après leur succès au Val de Sèvre 2012, se voyaient rattrapés sur le fil par Alain ROUVREAU – Pascal DACOSTA, sur une magnifique 912 de 1965. Le dernier accessit était pour Stéphane COUTTIER et Patrick BERTRAND, sur Matra Murena de 1982.

La 1ère édition se terminait ainsi, avec des fleurs pour les dames, avec des appareils photos qui crépitent, par des embrassades et accolades, avec des promesses de se revoir bientôt. Le séjour à Chatelaillon et à l’Espace Beauséjour venait bien d’être la fête et le rendez-vous de l’amitié tant espérés. Les idées pour l’an prochain fusaient déjà. D’ici là, les autos auront sans une ride ni une rayure pris un an de plus ; pourvu que la météo se fasse à nouveau belle pour un week-end non encore calé, pourvu que le sable de la millénaire cité balnéaire nous soit tout aussi chaud pour qu’un nouveau beau séjour ici nous comble de passion, de plaisir et d’amitié. Vivement l’année prochaine !...

Texte et photos : Patrick GUERIN – SAO

photo1:La CG C1300 d’Alexandre & Michel BOURDEAU sur le podium en catégorie Découverte

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Documents joints


 Classement final découverte (PDF - 92.9 kio)

 Classement final régularité (PDF - 104.9 kio)