Quand la F3 Classic rencontre la F3 moderne

Bien qu’il y ait un Grand-Prix de Pau Historique, La F3 Classic était inscrite cette année au programme du Grand-Prix de Pau moderne. L’occasion pour elle de venir à la rencontre de sa descendance avec la Fia Formula 3 International Trophy.

Rencontre qui se concrétisa dans le paddock grâce au concours de l’écurie Châteaux Sport Auto et du Team Signature. Du côté historique, 3 anciennes voitures ayant connues la gloire aux mains de pilotes ayant ensuite accédé à la Formule 1 pilotées dorénavant par des Gentlemen Drivers. Du coté moderne, des pilotes en devenir et déjà très professionnels au sein de structures de haut niveau.

La Martini MK31 de Philippe Alliot

Après une première participation au championnat F3 Classic en 2006 au volant d’une Ralt RT3, Jean-Pierre Eynard-Machet court désormais au volant de la Martini MK31 avec laquelle Philippe Alliot participa au championnat 1980.

"La voiture est conforme à l’origine en tout point. A l’époque, elle était équipée d’un moteur Toyota, elle a toujours son moteur et est équipée d’une boite Hewland MK9. On a des pneus Avon conventionnels comme l’époque ; Elle est en tout point conforme à la fabrication Martini de l’époque et parfaitement réglée par le Team Château. C’est une auto très efficace surtout en circuit comme celui de Pau.

Le moteur développe environ 160 ch, on ne l’a pas passé au banc, c’est la fourchette des moteurs de F3 avec une bonne utilisation. Habituellement, je fais mes moteurs moi-même mais là juste avant la saison on a eu un problème d’étanchéité sur le bloc que j’avais fait. Là, c’est un moteur préparé par Stuart Rolt que j’ai racheté à la dernière minute et qui fonctionne très bien."

Jean-Pierre Eynard-Machet est pilote F3 Classic depuis 2006. Il court depuis 11 ans en ayant commencé en Trophée Maxi 1000 avec une Mini Cooper qu’il possède toujours et avec laquelle il court encore de temps en temps. A bientôt 49 ans, il n’a jamais couru auparavant, mais a toujours été passionné de course automobile.

La Martini MK39 d’Olivier Grouillard

Il s’agit de la 3ème voiture de Pierre Lemasson depuis 2005 après une Ralt remontée de toute pièce, puis déjà une auto à pédigrée avec la Chevron ex-Riccardo Patrese (Champion d’Europe 1976), il court depuis cette année au volant de la Martini MK39 d’Olivier Grouillard.

"J’ai acheté la MK 39 chassis n°1 qui est bien l’ancienne voiture d’Olivier Grouillard. Je l’ai racheté dans le sud de la France à une personne qui faisait de la course de côte avec. Elle ne ressemblait plus du tout à l’origine avec notamment un train avant de Formule 2 et un moteur de MI16…. Pour la refaire, nous n’avions pas les bonnes pièces et j’ai acheté une deuxième MK39, le châssis n°3, que l’on a démonté pour refaire l’ex-Oreca.

C’est Michel Grandin qui l’a refaite. Pour cela il a travaillé 6 jours par semaine pendant 6 mois . Le résultat est top parce qu’elle est fidèle à l’origine. On a remis un moteur Alfa car c’est une voiture qui a toujours couru avec ce type de moteur. On a aussi remis toute la carrosserie d’époque, les couleurs et sponsor d’époque. Elle est fidèle à l’origine. Le moteur développe 160 ch à 5 500 tours, il est très coupleux à bas régime, il a été préparé par Ellegi Motori qui les faisait déjà à l’origine.

Pour cette saison 2011, au sein du Team Château,ça se passe bien. Nous avons beaucoup et bien travaillé sur la voiture pour la transformer d’une belle pièce historique à une auto compétitive. Nous avons fait des séances d’essai cet hiver, on a fait évoluer la voiture."

Pierre Lemasson a commencé à courir en Saloon car pendant 2 années (2003 et 2004). Après une incursion en 2005 dans le championnat hollandais Alfa Roméo avec un sprint GT, il rejoint rapidement la F3 Classic cette même année. Il a participé en 2010 au GP de Monaco historique avec sa Chevron ex-Patrese qu’il possède toujours et avec laquelle il compte bien participer à cette même épreuve en 2012.

La March 803 d’Andrea De Cesaris

Frédéric Da Rocha participe au championnat F3 Classic depuis 2002. Il nous parle ici de sa voiture : "Il s’agit d’une March de 1979 ex-De Cesaris avec laquelle il est devenu vice-champion d’Angleterre de F3. C’est une des voitures les plus anciennes du plateau. Elle dispose d’un moteur Toyota 2.0 l avec bride de 24 développant environ 160 ch. C’est quasiment pour tout le monde pareil de ce côté.

C’est un moteur d’ancienne génération avec bloc fonte pesant 20 kgs de plus que les autres. C’est mon esprit d’avoir le plus ancien. Au niveau comportement, c’est une voiture où il n’y a pas d’aéro, ce n’est que du grip et tenue de route mécanique. Ça freine moins bien qu’une auto moderne. C’est l’école du pilotage. Parce qu’au volant de monoplaces, pas très puissantes ce qui est le cas de celle ci, dès que tu glisses, si tu n’es pas propre et bien, le chrono, ça ne marche pas. Quand on sait aller vite avec ça on sait aller vite avec d’autres voitures même modernes."

Et il sait de quoi il parle. Frédéric Da Rocha peut-être considéré comme un pilote semi-professionnel. A 57 ans et en moins de 10 ans après des débuts en F3 Classic, il a participé au Challenge V de V moderne en 2004 puis a commencé à aborder les courses d’endurance moderne en 2006 avec Porsche en participant notamment aux 24 heures de Dubaï. Un palier supplémentaire sera franchi en 2008 avec une première saison en Le Mans Séries, avant de récidiver l’année suivante en ajoutant les 24 Heures du Mans au programme. Cette année, c’est le grand bain au sein d’Oak Racing en championnat ILMC catégorie LMP2 avec son complice Patrice Lafargue et un jeune pilote en devenir Andrea Barlesi. Il court également en Classic Endurance Racing depuis plusieurs années.

L’écurie Châteaux Sport Auto

Avec son père Paul, Matthieu Châteaux s’occupe de l’écurie Château Sport Auto. Cette structure est récente dans le milieu de la F3 Classic. "Au début seul mon père était dans l’équipe, c’était une toute petite structure. Il a commencé en 2000 après avoir acheté sa première F3. Il a très vite trouvé l’ambiance très sympa, avec des voitures qui donnaient des sensations... et qui n’étaient pas trop onéreuses. Le coût d’une saison était bien inférieur à celui qu’il connaissait lorsqu’il courait en rallycross. Il a retrouvé en classic une ambiance particulière qu’il avait perdu au cours des années de moderne. Ambiance sympa, rien à gagner, chacun s’entraide. On a vraiment envie de se battre avec ses copains et s’ils ont un pépin mécanique on s’aide."

C’est en participant que l’on devient acteur :

"Entre 2000 et 2005, mon père a fait quelques résultats et a amené des amis à lui qui courrait en rallycross comme Pierre-Alain France qui a acheté une auto pour venir rouler avec lui en F3 Classic. Nous avons donc eu 2 puis 3 voitures lorsque le fils de ce dernier les à rejoint. Hors F3 Classic, mon père entretenait d’autre voitures historiques au sein de Château Sport auto, comme des GT 40 et des Lola T70. Mais petit a petit, nous avons pris le choix de s’investir dans la F3 Classic avec l’achat de nouvelles autos pour faire la promotion de l’association et de l’écurie pour essayer de faire cela à 100%."

La transmission du virus :

"Dès que j’ai eu mon premier CDI après mon diplôme, je me suis payé ma première saison en formule Renault classic, j’ai bien marché, ça a fait connaître l’écurie. L’année suivante, mon père ma prêté une F3, et j’ai fait quelque courses en début de saison avec de bons résultats : 3ème à Spa et à Monza, j’ai gagné les deux courses. Mais je n’avais pas le budget pour faire la saison. Mon père m’a dit :
- "on investit, c’est pour le futur : je te paye quelques courses, je suis sur que ça donnera une bonne image de l’écurie"

Ça a fonctionné : j’ai gagné le championnat 2010 en F3 classic."

Un nouveau rôle :

"Du coup, ça a fonctionné et on a réussi à crédibiliser l’équipe. Cette année, nous avons maintenant 5 clients ici, et on a maintenant des clients qui font toutes les courses avec nous toute l’année. Ils sont satisfaits, les autos progressent, les pilotes progressent. Nous avons des pilotes avec des niveaux différents, cela crée de l’émulation et nous ne sommes jamais avares de conseil.

Nous partageons beaucoup avec nos pilotes, à leur demander comment ils ressentent l’auto et essayer de faire progresser le ressenti. Mais aussi du côté de la piste avec les trajectoires, les points de freinage,... toutes les petites choses qui font qu’il a des 1/10ème qui se gagnent un petit peu partout. C’est très sympa, je ne regrette pas d’être passé de l’autre coté de la barrière.

Je m’occupe de l’auto de Pierre Lemasson et c’est vrai que la voiture était toute neuve en début d’année, il a fallu faire un déverminage et mettre au point l’auto. On a été rouler à la Ferté Gaucher, on a assainit l’auto. Pierre s’est habitué à sa nouvelle auto : c’est vrai qu’à chaque fois ce sont de nouvelles sensations qu’il faut percevoir et savoir communiquer."

Petite structure devient grande :

"Sur une course, nous avons 1 technicien par voiture, plus mon père, plus l’intendance dont s’occupe ma mère qui se fait aider de ma tante, c’est très familial. C’est l’esprit F3 Classic. Ça se ressent sur la piste. Même si on se met des coups de roue, on se tape dans le dos après la course."

Voir le site de l’Ecurie Châteaux Sport

Et en moderne ?

Championnat labellisé FIA, nous sommes ici dans un tout autre monde, ultra professionnel. Les enjeux sont importants, tant pour les écuries que pour les jeunes pilotes qui doivent se faire un nom pour accéder au graal de la Formule 1. Une victoire à Pau en F3 reste un moment important dans la carrière, tout comme cela peut être le cas à Monaco à l’échelon supérieur. Lewis Hamilton a triomphé ici.

Les F3 d’aujourd’hui sont plus puissantes, mais aussi plus lourdes que les F3 des années 70/80. Ce n’est donc pas tant du côté du rapport poids/puissance que se trouve la différence mais dans les châssis, le freinage et l’aéro. Sans compter la sécurité au standard actuel. Les voitures, des châssis Dallara, sont mues par une mécanique d’origine Volkswagen de 2.0l de 210 chevaux.

L’écurie Signature de Philippe Sinault engage ici pas moins de 4 voitures pour des pilotes qui commencent à se faire un nom. A noter que ce Team est également engagé en ILMC sous l’appellation Signatech Nissan.

Voir le site du Team Signature

Texte : Newsclassicracing - Photos : Photoclassicracing.com

 

Portfolio