Le 6e rallye d’Anjou Roi René : dans la cour des grands


Né d’un projet d’étudiants en commerce il y a 5 ans, le rallye d’Anjou Roi René est devenu une épreuve phare dans l’Ouest de la France, et un incontournable du Trophée René JOUAN. Pour cette 6ème édition (14-15 mars), le Lions Club local et CART Historique inauguraient un nouveau format, sur deux jours avec étape de nuit. Une réussite totale.

Quand une cérémonie de remise de prix fait la part belle aux fous-rires et que les convives reprennent deux fois du dessert, l’organisateur d’un rallye de régularité peut, en général, se friser les moustaches. Stéphane ROSSIGNOL n’est pas moustachu, mais du dynamisme et des idées, il en a à revendre, et son implication dans la préparation du rallye n’est un secret pour personne. Alors c’est bien normal qu’en ce dimanche 15 mars, maintenant que la pression est retombée et que le soleil illumine les 38 voitures alignées devant le château de Serrant, ses yeux commencent à pétiller un peu. Quant à Henri-Emile JACONELLI, traceur et concepteur d’un road-book très inspiré, il peut savourer sa satisfaction d’avoir lancé le Trophée René JOUAN 2015 de fort belle manière.

Pourtant, quelques heures avant le départ, pendant les vérifications techniques, les sujets d’inquiétude ne manquaient pas. Y compris pour les concurrents. En effet, l’Alpine A110 de Régis GARNIER et Jacques TAVERNIER refuse de démarrer, tandis que sa cousine bleu-blanc-rouge connaît un souci d’alimentation électrique, laissant Daniel PROUST et Christian LANSON, ses locataires habituels, dans un embarras communicatif. Heureusement, un « sorcier de la mécanique » dégotté par l’organisation se porte à leur secours.

38 concurrents au départ

Il remet les deux Berlinettes d’aplomb et tout le monde retrouve le sourire. Bonne occasion de faire honneur au petit déjeuner – pantagruélique – puis au repas servi dans l’une des plus belles salles du château.

14 heures. Le premier concurrent à s’élancer est l’invité de marque de la course : Lucien GUITTENY, associé à sa femme Jacqueline sur une très belle Alfa Romeo. L’ancien pilote des 24 heures du Mans vise le classement « Navigation ». La catégorie-reine, celle des Aguerris, est emmenée un peu plus loin par Antoine et Aurélie CHARRIERE, sur leur inusable Volvo 123 GT. Mais les tenants du titre et récents vainqueurs du Trophée René JOUAN 2014 ne sont apparemment pas bien réveillés : à peine deux kilomètres de ZR et déjà une erreur, qui leur coûte une grosse minute et tout espoir de doublé. De fait, cette ZR1 est celle des surprises, car c’est un équipage inattendu qui réalise la meilleure performance : Jean HERVIEU et Pierre HUCHARD, qui partagent pour l’occasion une Alfa Romeo Giulia, sont les premiers leaders. Mais les favoris ne vont pas tarder à montrer le bout de leur nez…

Antoine et Aurélie Charrière

Dès la ZR2, qui conduit la caravane au CH de La Pouëze, Régis GARNIER et Jacques TAVERNIER s’installent aux avant-postes, entraînant dans leur sillage Philippe et Pascale QUIBOEUF (Porsche 911 2.2). Une courte pause et les belligérants repartent. La ZR3 se joue sans instruments de mesure, à l’aide d’une table intégrant des moyennes très disparates. Malheureusement, un souci de chronométrage empêchera de comptabiliser les écarts. Si certains sont déçus car ils avaient le sentiment d’avoir frappé un grand coup, d’autres y voient l’occasion d’effacer leurs boulettes !

Ce n’est pas non plus dans la troisième boucle que les favoris vont faire la différence. Le parcours dans les vignes autour de Savennières est magnifique mais il ne fait de gros dégâts chez personne, excepté peut-être pour Jean-Christophe OTTOLINI et Christophe CANAL, les régionaux de l’étape qui ont ressorti leur jolie MG B du garage. En revanche, la R8 Gordini de Luc BIOTTEAU et Gérard GUICHARD confirme ses belles dispositions : les Saumurois pointent à l’heure du dîner au pied du podium provisoire.

A 21h15 précises, les lampes frontales s’invitent dans les habitacles et les cache-phares sont bien rangés dans les coffres. Deux ZR au programme, direction Villemoisan, La Chapelle saint-Sauveur puis Champtocé. Des Contrôles de Passage moins évidents à apercevoir dans l’obscurité, des animaux au bord de la route, pas question de relâcher son attention.

François Giniès et Bernard Lenud

Et si la ZR7 ne crée aucune mauvaise surprise, la suivante va causer bien plus de chamboulements. Daniel PROUST et Christian LANSON y font un sans-faute mais c’est surtout la famille HERVE qui impressionne. La splendide Jensen Interceptor de Christophe et Joany se joue des pièges de la nuit, et voilà papa et son fiston qui prennent, d’une courte tête, les commandes du rallye. Derrière par contre, ça jardine méchamment autour d’un calvaire qui rime avec galère. Serge MASSON et Alain CHAPOTOT (Opel Kadett GTE) s’en amusent : « Avec notre nouveau tripmaster, nous étions tout le temps dans la bonne seconde… mais pas sur la bonne route » ! Désillusion aussi pour les Gordinistes : deux forts caractères qui se déconcentrent, et ça fait 300 points dans la besace. Il est temps de laisser les mécaniques se reposer, et de mettre quelques heures de sommeil au compteur…

Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, c’est un solide petit déjeuner qui attend les équipages dimanche matin au château de Serrant. Le rallye se jouera-t-il, comme souvent ces derniers temps, au cours des ultimes kilomètres ? Oui ! Car contre toute attente, les leaders oublient une case du road-book et s’égarent pendant de longues minutes.Joanny, un peu dépité au CH de Chalonnes, laisse son père annoncer que ce sera sans la Jensen cette fois-ci. La bourde fait les affaires du couple QUIBOEUF, impeccable de constance tout au long du rallye. Les Baulois décrochent, avec 67 points, une victoire amplement méritée, laissant les deux Berlinettes Alpine se départager pour les accessits. La 1600 de PROUST-LANSON (94 points) finit devant la 1300 de GARNIER-TAVERNIER (113 points), empêchant le retour d’Antoine et Aurélie CHARRIERE, enfin dans le coup avec la Volvo.

Le podium

A noter la superbe 5ème place cueillie par un équipage inédit, François GINIES et Bernard LENUD, qui se sont parfaitement entendus dans la plus ancienne voiture du plateau, une Austin Healey « British Racing Green » du plus bel effet. Ils précèdent deux ex-aequo : la Jensen des HERVE est rejointe par la R5 Turbo de Jean-Claude PEROT et Damien RIDEAU. Chapeau à eux qui, non contents de rouler sans aucun appareil de navigation, ont perdu l’usage de leur compteur à la fin du rallye !

Du côté des débutants, il faut saluer la très belle performance des quelques courageux ayant disputé l’étape de nuit : Michel OLLIER et Philippe MAIGNE, très élégants dans leur Triumph TR3 « top down », sont brillamment récompensés de leurs efforts. Sans la nuit (mais sans l’ennui), la victoire revient à Amélie et Hélène BOUGRIER, deux sœurs en Spider Alfa pour lesquelles le rallye aura été une préparation idéale en vue du rallye des Princesses.

Nul doute, donc, que cet Anjou Roi René 2015 restera dans les annales. On est déjà impatient de découvrir les nouveautés promises par Stéphane ROSSIGNOL et son équipe pour l’année prochaine… En attendant, les protagonistes du Trophée René JOUAN se donnent rendez-vous, à l’invitation de CART HISTORIQUE, au Critérium de Touraine qui aura lieu les 11 et 12 avril prochains.

Texte : CART HISTORIQUE
Photos : Stéphane MOREAU
www.stephane-sport-auto-photographies.fr

photo1 : 1ers Philippe et Pascale Quiboeuf

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Portfolio

 

Documents joints


 Classement aguerris (PDF - 12.5 kio)

 Classement Navigation avec nuit (PDF - 7.5 kio)

 Classement Navigation sans nuit (PDF - 12 kio)