L’Age d’Or 2010

Un bon cru :

Le circuit de Dijon-Prenois a pris un petit air de Goodwood les 19 et 20 juin derniers,
avec une avalanche de voitures anglaises et un temps digne du climat britannique.

Voilà aujourd’hui 6 ans que l’Age d’Or a quitté le mythique anneau de Montlhéry pour s’installer en Bourgogne sur le plateau de Prenois à quelques kilomètres de Dijon. A 46 ans passées le Grand Prix de l’Age d’Or peut-être élevé aujourd’hui au pinacle des épreuves automobiles mythiques. C’est à l’initiative de Serge Pozzoli que naît en 1964 les Coupes de l’Age d’Or en ouverture du Grand Prix de France de F1 à Rouen-les-Essarts. Les Coupes se déplacent à Montlhéry en 1968. Elles réunissent alors une poignée de passionnés de voitures sportives d’avant-guerre.

Dans les années 1980 la manifestation devient le Grand Prix de l’Age d’Or. C’est environ 2 000 spectateurs et 140 voitures qui se rassemblent sur le plateau de Saint-Eutrope. L’arrivée de sponsors comme Lanvin lui permet de prendre son envol. Pour atteindre son apogée dans les années 1990. On recense alors 35 000 spectateurs et plus de 400 voitures en course. L’Age d’Or devient la troisième plus grande manifestation automobile de France en 1996 après les 24 Heures du Mans et le Grand Prix de France de F1. La fermeture de l’anneau en 2004 oblige alors les organisateurs à déplacer ce rassemblement devenu populaire vers d’autres horizons. C’est le circuit de Dijon-Prenois qui est finalement choisi. Lui aussi à un riche passé historique. On se remémore les Grand Prix de F1 de France et de Suisse courus entre 1974 et 1984, dont la célèbre bagarre entre René Arnoux et Gilles Villeneuve en 1979. Plus moderne et mieux adapté aux voitures de courses que l’obsolète tracé bétonné de Montlhéry, il bénéficie de la préférence des pilotes . Les structures permettent aussi de mieux recevoir le public et les écuries.

Que manque t-il à l’Age d’Or pour retrouver son aura d’antan ?
Pour autant, cette grande fête française du sport automobile historique peine toujours à trouver ses repères depuis son déménagement. Si le nombre de voiture en course demeurent stable et réunis encore 400 pilotes, que dire des clubs qui cette année n’étaient qu’une vingtaine à rassembler 500 voitures et surtout des exposants qui se comptaient pratiquement sur les doigts de la main ? Les aficionados parisiens boudent toujours ce déplacement lointain et ne digèrent toujours pas qu’on leur est enlevé Montlhéry. Certes, c’est environ 10 000 spectateurs qui fréquentent les lieux, qui flânent librement autour des voitures sans restriction, qui peuvent approcher les Bugatti et autres modèles légendaires.

Patrick et Louis Quiniou se démènent comme des beaux diables pour retrouver le lustre des belles années. Il ont su mettre les petits plats dans les grands en présentant des plateaux prestigieux. Et si vous n’êtes pas venu cette année ? Tant pis pour vous, le spectacle vaut pourtant le déplacement. Même si le temps peu clément n’est pas vraiment de saison, le blouson étant de rigueur, la pluie heureusement n’a fait que de très brèves apparitions. Le rendez-vous annuel de l’Age d’Or est pourtant à la mesure de ce qui se fait en Angleterre. Pour cause ! Les différents plateaux présents sont majoritairement britanniques, hormis les Formule Ford Historic et Kent, mais dont les voitures sont de toute manière anglaise elles aussi.

De la mythique monoplace BRM à la Mini, en passant par les Aston-Martin, ERA, Cooper, Jaguar ou MG, il y a de quoi se rassasier la vue et les tympans. Sur la piste les joutes endiablées sont plus qu’animées, les pilotes au coude à coude dans chaque séance, briquant tous la première place. En Formule Ford Historic, on a vu même une voiture s’envoler dès le départ. Heureusement, Pierre-Alain Lombardi au volant de sa Lola s’en tire sans la moindre égratignure. Dans le plateau de U2TC (Under 2 litre Touring Car), on dénombre pas moins de 18 Cortina Lotus, dont les glissades assurent un spectacle édifiant sur la façon de maîtriser une auto. Ne soyons pas sectaires, il y a aussi dans toutes les courses quelques belles italiennes. Des Ferrari, dont quelques splendides spécimens comme une GTO, des Maserati et de nombreuses Alfa-Romeo, bataillant de pied ferme la suprématie britannique. La recette d’un meeting réussi est là, et le Grand Prix de l’Age d’Or a encore de belles années devant lui, ne boudons plus notre plaisir.

Didier Mantz.

Crédit photos : www.photoclassicracing.com

 
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