En direct : Nogaro - La bagarre est dans le pré

Nous suivons aujourd’hui Joachim Bernard de Lastours en F3 classic en Formule Renault au Grand Prix de Nogaro “Historic” des 19 et 20 octobre


Nogaro est vraiment le décor idéal pour le bonheur
. Ses prés, son doux climat, ses confits dorés au soleil, sa nonchalance assurée, sa culture colorée et ses…bagarres. Quelquefois au Rugby et de temps en temps au circuit.

Arrivant le vendredi après midi près du circuit, les souvenirs de mon premier podium il y a un an, remontent à la surface. Pourvu que cela se passe bien.
Je retrouve mes compères dans le box, déjà bien installés et prêts à tester leurs autos en séance privée. Pour ma part je ne roule pas ce jour, préférant attendre les essais chrono.
Nous préparons la voiture afin d’être prêt pour les essais du lendemain.
J’ai monté des pneus neufs. Je dois donc les roder 4/5 tours sans les abîmer et pars tranquillement.

Au bout d’un tour, sifflement très présent d’admission et plus grand-chose sous la pédale droite. Damned, ça commence mal ! Retour au stand. Je m’attends au pire, mais ce n’est que le manchon qui est mal serré sur le carbu.
Ouf, retour en piste pour continuer ma séance rodage pneus. Il me reste une dizaine de minutes, alors faut y aller maintenant. Augmentant le rythme, j’allume deux fois les pneus arrières, modifie la répartition des freins, puis tente quelques tours sans fautes. A 3mn de la fin de la séance, je rentre satisfait, soucieux de ne pas abîmer la Martini.

Mon frère, sourire radieux, m’annonce que j’ai la pôle provisoire… la tôle d’Issoire, j’ai jamais tourné à Issoire…Incrédule je lui demande de répéter. Fin de séance, c’est confirmé, j’ai la pôle. Waouh !! Sensation bizarre. Je n’y crois pas et j’ai presque envie de m’excuser d’être là, content, sourire figé.
Puis très vite, je me souviens que le départ sera arrêté. Ce sera donc ma première pôle pour mon premier départ arrêté ! Oui, je stresse.
Pour passer le temps, je retrouve des amis venus me soutenir, discutant avec eux de mon aventure, quand déjà, vient l’heure de préparer l’auto.
Tout est prêt et il nous reste 30mn pour avaler un gros sandwich, mais je n’arrive pas à manger une frite et n’ai vraiment pas faim, alors que mon petit déjeuner s’était limité à un verre de jus d’orange. Le stress fait maigrir !
Mise en grille, tour de chauffe, évacuation de la piste, régime moteur calme, dernier ajustage de casque qui n’en n’avait pas besoin, la piste est libre devant moi, il fait beau, tout va bien.


1er feu rouge, procédure fia comme les grands en F1. Le 5ième est mis, hausse du régime moteur, accélération du pouls, souffle coupé, yeux rivés sur ce rouge qui me semble long à disparaître, gazzzz !
1ère, yes, je n’ai pas calé ! La 2ième passe aussi pour la 3ième quand 3 ou 4 voitures me doublent et passent le virage avant moi. Pourtant il ne me semble pas avoir raté ce départ. Je fais les mêmes à Bordeaux et ça marche bien, mais là…
La course est lancée sur un bon rythme et me retrouve 3 quand le pace car sort pour sécuriser l’évacuation de celui qui était alors en tête. Je suis donc 2 au restart. Impossible de doubler C.Tourand, par contre je me fais doubler par B. Lacour et JC. Darlot, ou l’inverse !
Je regarde la lutte devant moi, c’est très chaud et de penser qu’ils vont peut être se sortir…mais non. B. Lacour double JC. Darlot. La lutte est intense et je manque souvent de partir à la faute, de toucher la boite sur un freinage limite. Je n’ai jamais vu ces FR d’aussi prêt ! Mes pneus étant neufs, je tente tout dans les virages serrés par l’extérieur. J’y suis presque, J.C Darlot ne me voit pas, roue contre flanc, excursion sur le bas côté, récupération limite je repars et après une autre touchette de l’autre côté cette fois, je réussi à passer JC. Darlot dans le dernier tour et terminons tous 4 dans la même demi-seconde.


Je suis 3ième avec le meilleur tour en course, mais déçu d’avoir raté ce départ car j’ai le sentiment d’avoir loupé quelque chose après cette pôle.
Sur le podium je vois ma famille, mes amis et c’est bien car je suis content d’être là même si j’ai perdu 2 places.

Le Lendemain, la 2ième course est assez tôt. Et c’est en pré-grille que je comprends que C. Tourand a été déclassé hier soir. Officiellement je termine la course d’hier 2.
Je change de côté pour une même procédure, mais bien décidé à ne pas me louper cette fois-ci. Vert ! Je suis mieux mais me fais doubler par le 3ième quand B.Lacour loupe son départ. Je reste en 2ième position quand au début de la ligne droite, mon moteur pétarade et je vois 4 ou 5 concurrents me doubler avant le freinage. Arghh ! Je suis perdu et ne sais que faire, abandonner pour éviter de casser, continuer en espérant…puis tout remarche. Je me dis alors, « roule et on verra bien ». Je rattrape mes camarades et colle la boite de B.Lacour qui double JC. Darlot. Mon objectif est alors de doubler avant l’escargot, car c’est là que je fais une petite différence qui me protège d’une attaque en bout de ligne droite. J’y arrive et me détache un peu de B. Lacour, prends une grande respiration dans la ligne droite pour me relaxer. La voie est libre et si c’est moins spectaculaire à voire qu’une belle bagarre Gersoise, c’est bien à vivre aussi.


Il me reste 6 tours à tenir comme ça et sens bien que Lacour ne tentera pas une remontée, mais le surveille comme de l’huile sur le feu. Je l’avoue, je me dis que cela va être génial d’être sur la plus haute marche du podium, cela sera incroyable et mes fils…
Soudain, une autre bagarre du côté de mon moteur qui broute, pète, ratatouille. Je jette tout de suite un coup d’œil sur mon rétro, scrutant mes arrières en espérant qu’il ne se rend compte de rien et que cela ne va pas continuer. Rien à faire, cela va de mal en pis, je crie mais personne n’entends, lève le bras, évite de gêner les autres qui me doublent un par un…
Je me gare devant mon box alors que des sentiments diffus m’envahissent : déçu, apaisé, satisfait, rage, gâchis.
La bagarre est finie, je suis un peu sonné et même si les compliments font du bien, j’ai perdu.
Ne reste plus qu’a trouver la panne et se préparer pour de prochaines aventures !

Texte : Joachim Bernard de Lastours
©photos : Jean-Marie Biadatti-www.photoclassicracing.com

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