24 HEURES DU MANS : TRENTIEME ANNIVERSAIRE DU SUCCES DE RONDEAU

15 Juin 1980. Il est 16 Heures. La 48éme édition des 24 Heures du Mans vient de se terminer. Les aiguilles sur l’horloge du circuit des 24 Heures du Mans, affichent bien 16 h.

Dans quelques secondes, une voiture française, un bolide sarthois construit à quelques encablures du circuit manceau, Route de Saint-Calais à Champagné, va surgir.

Car en ce dimanche 15 juin 1980, c’est bien une Rondeau qui va gagner cette édition des très célèbres 24 Heures du Mans.

Co-piloté par son concepteur, le régional de l’étape comme on dit, Jean Rondeau, qu’a épaulé les deux tours d’horloge durant, le Normand de Caen, Jean Pierre Jaussaud. Déjà victorieux- au volant d’une Renault - lui de l’épreuve, deux ans auparavant, le 11 juin 1978, en compagnie du parisien de Valenton, Didier Pironi.

La Rondeau M 379, arborant le numéro 16 arrive et sous une immense salve, que dis-je, un ahurissant concert et un véritable tonnerre d’applaudissements, franchit la ligne d’arrivée en grand vainqueur. Pour le plus grand plaisir des 200.000 spectateurs agglutinés et serrés dans les imposantes tribunes, face aux stands.

Précédant de deux tours la Porsche 908/80 ‘’ usine ‘’ numéro 9, conduite par le Belge Jacky Ickx et l’Allemand Reinhold Joest.

L’inattendu triomphe de cette Rondeau est d’ailleurs complété par la troisième place sur le podium, d’une seconde voiture Sarthoise, la numéro 17 confiée au Britannique Gordon Spice, associé aux deux frères Belges, Philippe et Jean Michel Martin. Lesquels finissent à neuf tours.

Pour Jean Rondeau et son équipe de ‘’ mercenaires ‘’ passionnés, cette victoire est fabuleuse. Le résultat inespéré mais tellement souhaité du combat d’une vie…

Pensez, lui le petit constructeur-artisan manceau, est parvenu à terrasser et à faire plier ‘’ l’ogre ‘’ Porsche !

Au pied du podium, ‘’ la bande à Jean ‘’ en a les larmes aux yeux. A commencer par Marjorie Brosse, sa fidèle assistante. Celle qui depuis des années, l’hiver venu courre Paris et sa banlieue, à la recherche de généreux partenaires.

Mais, si tous pleurent, les larmes qui coulent sur tous ces visages repus, usés et épuisés par la longue semaine mancelle qui vient de s’achever dans la joie ,sont bien des larmes ...de joie !

Mais pour les passionnés sarthois, quelle satisfaction après des années d’espoirs déçus…

Et alors que les deux pilotes débarquent sur le podium, les visages des mécaniciens s’illuminent et laissent alors place à un immense bonheur.

Les Philippe Beloou, Lucien Monté, Jean Michel Leroy, Jean Claude Thibault, Jean Philippe Desmottes, Daniel Menagé, Philippe Bône sans oublier Michel et Bernard Beaumesnil, n’en peuvent plus d’hurler leur joie…

Un an plus tard, le 14 juin 1981, l’équipe Rondeau remotivée, confirmera ces deux belles performances, en plaçant de nouveau, deux de ses voitures sur le podium !

La numéro 8, toute rouge aux couleurs de ‘’ L’Automobile Magazine, pilotée par le trio composé des Français Philippe Streiff, Jean Louis Schlesser et Jacky Haran, finissant seconde, précédée cette fois par la Porsche 936 officielle, la numéro 11 du tandem Jacky Ickx –Derek Bell.

Le podium étant complété par une seconde Rondeau, la numéro 7 aux couleurs d’OTIS et que se partageaient, le Britannique Gordon Spice et le Sarthois, François Migault.

En 1982, par contre les résultats furent décevants puisque la meilleure des six Rondeau inscrites, termina à une modeste dixième place, loin, très loin de la Porsche 956 victorieuse, la Numéro 1 de l’équipage Ickx-Bell.

Pierre Yver, le pilote de St Lo, Lucien Guitteny, l’angevin et Bruno Sotty, le bourguignon, finissant très, très loin, à 53 tours.

1983 ne fut guère plus brillant. La première des sept Rondeau au départ, celle du trio Belge Daniel Herregods, Jean Paul Libert, Pascal Whitmeur, se classant à une plus que modeste, dix neuvième place.

Tant et si bien que le samedi 16 juin 1984, Jean Rondeau prenait même le départ au volant, non pas d’une Rondeau, mais bel et bien d’une… Porsche 956, propriété de son ami, l’Américain Preston Henn !

Les deux hommes étant relayés par John Paul Junior. Cette Porsche, numéro 26 aux couleurs ‘’Henn’s –Bird Swap Shop’’ finissait à une magnifique seconde place, à deux tours de la Porsche, numéro 7 aux couleurs jaune, des jeans Newman, que pilotaient Henri Pescarolo associé à l’allemand Klaus Ludwig.

Néanmoins, quatre Rondeau avaient bien pris le départ de cette 52éme édition, avec pour meilleur classement, la onzième place du trio, Jean Philippe Grand – Jean Paul Libert –Pascal Whitmeur.

En 1985, cinq Rondeau s’alignaient au Mans. La première, celle du Bussi Racing dont les pilotes étaient Bruno Sotty, Jean Claude Justice et Patrick Oudet, ne pouvait faire mieux que dix huitième.
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Quelques mois plus tard, le 27 décembre 1985, Jean Rondeau trouvait hélas la mort, en traversant un passage à niveau au volant de sa… Porsche, à deux pas de chez lui et ce alors que surgissait le rapide Paris Nantes. Accident longtemps resté inexplicable et inexpliqué…

Quatre jours plus tard en ce 31 décembre après midi, le monde de la course lui rendait un dernier hommage avant de l’accompagner jusqu’au cimetière de Saint Pavin des Champs, situé dans les faubourgs de sa bonne ville du Mans.

Les années ont passées mais pour fêter dignement le trentième anniversaire de la victoire de Jean Rondeau au volant d’une… Rondeau, les ‘’ Amis de Jean Rondeau ‘’ animé par Thierry Rondel, organisent plusieurs manifestations la semaine prochaine, dont nous donnons le détail ci-dessous.

Ayant personnellement bien connu et apprécié Jean Rondeau dont l’équipe GDBA de Formule 3000, que j’avais créé avec Pierre Blanchet et Jean Paul Driot, prit le relais dans ses ateliers de Champagné, avec tout son staff technique, dénommé après sa triste disparition Synergie Automobiles, autonewsinfo s’associe tout naturellement à cette commémoration en souvenir de l’ami Jean. Le petit Manceau qui est parvenu à réaliser son rêve d’enfant !!!

Gagner les très prestigieuses 24 Heures du Mans au volant d’une voiture de sa conception... Pas facile de parvenir à ce rêve. Et pourtant, il l’a FAIT, Jean Rondeau !

Cette année pour commémorer le trentième anniversaire de l’inoubliable victoire du regretté Jean Rondeau, ‘’ Les amis de Jean Rondeau ‘’ qu’anime Thierry Rondel présenteront les plus beaux modèles de la marque sur le circuit manceau le samedi quelques heures avant le départ ( voir ci-dessous le timing)

Parallèlement le Musée des 24 Heures situé à l’entrée principale du circuit, organise lui une exposition avec quelques bolides Rondeau mais aussi des panneaux en hommage au disparu. Ainsi que des objets et combinaisons et autres journaux de l’époque vantant sa superbe victoire

Texte : Gilles Gaignault - Photos : Thierry Rondel

LE TIMING

Exposition de deux Inaltéra et une Rondeau, place de la Mairie à Mulsanne. Dédicace du nouveau livre « Jean Rondeau, une histoire d’hommes » par le journaliste manceau, Michel Bonté.(Editions Le Mans Racing)

Vendredi après midi
Regroupement des Rondeau présentes sur la grille de départ des 24 Heures avec la présence de nombreux « anciens » pilotes et techniciens de l’écurie.

Samedi 12 juin à 12h30
Parade des neuf Rondeau roulantes et des Inaltéra pour un tour derrière le safety car.

L’aventure Rondeau avait commencée plus tôt avec des voitures dénommées Inaltéra. Bolide né de la rencontre de Jean Rondeau avec l’industriel Lyonnais, Charles James, patron de l’entreprise de papiers peints

En 1977, trois voitures sont engagées aux 24 Heures. La n°1, confiée au duo Beltoise- Al Holbert, réussit un fantastique début de course en pointant à la 3e place devant la meute des Porsche puis connaît un incident lors d’un ravitaillement où une quarantaine de litres d’essence se répand dans l’habitacle.

Malgré un nettoyage soigneux, l’étincelle du démarreur électrique fait s’enflammer les vapeurs d’essence et le feu se propage à toute la cellule d’où est extrait avec violence Beltoise. Après 1h 10 de réparations, Beltoise reprend le volant et amène sa voiture à la 13e place.

La voiture n° 2 quant à elle est confiée à un équipage 100 % féminin et composée du tandem Lella Lombardi - Christine Beckers et termine 11eme, meilleur classement féminin à ce jour aux 24 heures du Mans et ce malgré une sortie de route dans les Hunaudières dû à un invraisemblable court-circuit au niveau du coupe circuit (!) qui leur a coûté plus de deux heures.

La 3e voiture (n° 88) pilotée par Rondeau et Jean Ragnotti échoue au pied du podium pour... 40 secondes ! Rondeau ayant pris le départ, il était convenu que Jeannot Ragnotti ferait l’arrivée et c’est pendant le dernier changement de pilote que la Porsche n° 40 leur ravit la 3e place.

Après la perte de son commanditaire Inaltéra en juillet 1977 et la "récupération" de tout le matériel par la nouvelle équipe dirigeante d’Inaltéra, Jean Rondeau doit construire une nouvelle voiture avec l’aide de bénévoles, le concours de SKF et de nombreux commanditaires manceaux

Le budget est hélas cinq fois inférieur à celui que versait la firme Inaltéra. Mais le projet voit néanmoins le jour

La voiture dénommée dorénavant Rondeau est présentée en mai 1978 en présence de Joël Le Theule, le député sarthois et de son adjoint, un certain … François Fillon.

On connait déjà la suite brillante !!!

Gilles Gaignault