12e Tour de Corse Historique : l’heure du bilan pour Yves Loubet

Le rideau s’est refermé, tout le monde est redescendu du podium, tout sourire et la tête pleine de souvenirs, très certainement. Pour Yves Loubet, c’est l’heure du bilan, de l’analyse, de la projection vers l’édition de 2013 également...

Des mois de préparation, de travail
intense, auront été nécessaires pour
« mettre au point » ce Tour de Corse
Historique. Tout à l’image d’une bonne
machine de course qu’il convient de ne
pas laisser dormir trop longtemps et de
développer en permanence afin de rester
en haut de l’affiche...

Yves Loubet (photo ci dessus avec Jean-Charles Rédélé), qui tient absolument à
faire de cette épreuve un rendez-vous
incontournable, livre ses sentiments
d’après course.

Yves Loubet, au terme de cette semaine de course, est-ce la satisfaction qui l’emporte ?

On peut toujours faire mieux et d’ailleurs,
nous n’allons pas relâcher nos efforts d’ici
l’édition de 2013 mais, bien sûr nous sommes
ravis de cette édition à l’ASA. Nous avons
effectivement le sentiment d’avoir passé un
cap sérieux afin d’asseoir la notoriété de
l’épreuve
. Nous avons beaucoup travaillé pour
cela, dans tous les domaines de l’organisation
et bien évidemment, j’en profite pour lancer
un immense merci, à tous. A Cathy Belon
qui, derrière son ordinateur, a abattu un travail
de titan, à Paul-Jo Piga, à Marie-France
Agostinetti, toujours à l’écoute des
concurrents, aux frères Traversari pour leur
travail sur le site internet, à la direction de
course qui s’est toujours montrée très
disponible, à tous les commissaires qui n’ont
pas un rôle aisé mais qui ont toujours su faire
preuve d’un grand professionnalisme. J’ai
conscience d’oublier beaucoup de monde
mais je tiens à remercier vivement chaque
« pierre » qui a fait que notre édifice avait
vraiment de la gueule...
Et, sans prétention
aucune, il était beau notre rallye. Nous lui
avons donné des couleurs, un habillage, une
identité qui manquait, redéfini un podium où
chacun de nos partenaires était mis en
valeur, organisé une remise des prix
chaleureuse et festive. Tout c’est
professionnalisé mais sans excès, avec cet état
d’esprit abordable qui nous tient à coeur.
Chacun peut être très fier de ce travail
accompli.

Cette année, on nous voyait de loin,
toute la Corse portait les couleurs du rallyes,
chaque village traversé ou de regroupement,
chacune de nos étapes affichaient ces
couleurs. La population a plus que jamais
manifesté un réel enthousiasme pour le rallye.
Le public est venu nombreux à Ile-Rousse, sur
le bord des routes, aux diverses étapes.
C’est
très important à nos yeux car de part sa
longue histoire, le Tour de Corse appartient à
l’ile, aux Corses. De voir se public heureux
nous comble. Et puis, il convient de ne pas
oublier que le rallye constitue également une
manne économique importante pour l’ile
alors que la saison estivale est achevée. C’est
pas moins de 1700 personnes qui viennent
en Corse pour huit à dix jours...

Venons à la course elle-même, certaines règles avaient été changées ?

Non, les règles n’ont pas changé, nous avons
simplement cherché a mettre plus en
évidence l’aspect sportif de l’épreuve,
indissociable de l’histoire du Tour. Que ce soit
en VHC ou en VHRS (régularité), nous tenons
par dessus tout à ce qu’il s’agisse d’une
épreuve sportive
où, arriver à son terme, est
déjà en soit une sacrée performance. En
VHC, nous avions un problème. Jusqu’à
présent, sur un plan sportif, les performances
d’une voiture de 1970 étaient directement
comparées à celles d’un modèle beaucoup
plus récent. C’était injuste et incompréhensible
pour le public. Donc, nous avons classé les
équipages en fonction de l’âge de leur voiture.

Et chaque période d’âge avait son propre
classement, au sein du classement général.

Ainsi Philippe Guyot et son épouse
remportent le Tour de Corse Historique de
cette année dans leur période, au même titre
que Philippe Gache. Dès lors, l’attribution des
numéros de course dépendait de...l’âge des
voitures. Une paire de pilotes, sans doute à
l’égo disproportionné, nous a reproché leur
gros numéros, prétextant que leurs
performances auraient été bien meilleures
avec un numéro plus conforme, selon eux, à
leur « talent ». Il faut arrêter de se regarder le
nombril. Nous avons tout analysé et cela
n’aurait en rien modifié leur classement final.
Nous n’avons rien inventé, cette règle
appartient à l’histoire des rallyes.
Quand j’ai
commencé à courir avec une petite groupe 1,
je rattrapais les dernières groupes 2. Quand
j’ai eu des groupes 2, j’ai commencé à
rattraper les ultimes groupes 4 et ainsi de
suite. Et il y avait au départ des pilotes
prioritaires également, ceux, de notoriété qui
possédait un palmarès patent. Là aussi, nous
n’avons rien inventé. Ainsi allait la vie du rallye !

Et en VHRS ?

En VHRS, le problème était différent. C’est
vraiment une forme de compétition
particulière. L’an passé nous avions des
montagnes de réclamations portant sur des
pénalités attribuées. La direction de course
devenait folle et il nous était impossible
d’établir un classement avant plusieurs
heures. Le système n’était pas bon et nous
l’avons changé en mettant l’accent, là aussi,
sur la sportivité que nous souhaitions.
Nous
avons fait appel à Alain Lopes, un spécialiste,
et à la firme belge Tripy qui propose depuis de
longues années un système de contrôle
électronique rigoureux, fiable, modulable et
inviolable, et qui a fait un travail fantastique.

Alain a fait un road-book d’une très grande
précision, très détaillé et les moyennes
imposées évoluaient en fonction de la nature
du terrain. C’est ce que nous voulions imposer.
Certains concurrents ont manifesté leur
désapprobation face à ce système contrariant,
en fait, les habitudes prises depuis longtemps.
On nous prédisait une montagne d’accidents,
de sorties de route. Au terme du rallye, aucun
accident notable n’’est à noter et je n’ai vu
que des sourires, reçu que des compliments à
l’arrivée. Là aussi, je pense que l’accent mis sur
la sportivité de l’épreuve n’a pas été comprise
par une poignée de pilotes. Très peu. Mais y at-
il beaucoup d’épreuves qui comme le Tour de
Corse Historique proposent des routes
fermées et sécurisées ?
Bon, maintenant c’est
vrai que dans certaines spéciales, les
changements de moyenne étaient sans doute
un peu trop nombreux. Nous allons
simplement ajuster notre copie.

Quelle belle image garderez-vous de cette édition ?

Andruet-Fiorentino-Manzagol

Les sourires de tous à l’arrivée ! Mais si je dois
garder une seule image c’est quand, lors de la
remise des prix, nous avons invité Jean-Claude
Andruet, Bernard Fiorentino et Jean-Pierre
Manzagol à rejoindre le podium. Nous avions
là le podium de 1972 et quarante ans plus
tard, ils sont toujours là,
à nos cotés et animés
par une même passion inépuisable. C’est un
aboutissement, c’est un privilège que d’avoir
de tels pilotes au départ de son rallye. Bernard
Fiorentino est revenu à la compétition pour ce
Tour de Corse Historique. Jean-Pierre
Manzagol, lui, est simplement fantastique.
C’est un exemple pour tous. Toujours positif,
toujours combatif, toujours abordable, toujours
souriant même quand, comme cette année,
les ennuis mécaniques ne l’épargnent pas. Et
Jean-Claude Andruet... C’est une idole en
Corse. Il a toujours la combativité d’un jeune
homme. Son chrono « record » dans Ghisoni est
un authentique exploit, comme a toujours
aimé se délecter le Tour de Corse. De tels
pilotes ont écrit toute l’histoire du Tour de
Corse. Mon rêve le plus cher serait d’avoir l’an
prochain le podium de 73 et de 83.
De tels
pilotes sont des références pour notre rallye et
c’est un privilège que de les avoir auprès de
nous. On ne le dira jamais assez !
Autre
moment d’émotion : quand Philippe Gache, en
principe vainqueur du Trophée Jean-Charles
Martinetti du brio, remet le prix à Andruet
pour ce record.

Tu veux dire un mot sur le parcours ?

Je suis satisfait du parcours. Il était varié et il
n’avantageait pas une voiture ou un pilote
plus que d’autres. Je voudrais simplement
insister sur le rôle jouer par les diverses
communes où nous nous sommes arrêtés
. Île-
Rousse, Tallone, La Porta, Porto-Polo, Porto,
Aléria avaient sorti le grand jeu. Merci à eux.
C’est sans doute la preuve de plus de
considération de leur part. Sans doute parce
que l’on grandit, parce que l’on devient de plus
en plus crédible aux yeux de tous. La preuve,
on a parlé de l’épreuve lors du Journal de
13h00 de TF1 et FR3 est venu faire une heure
direct lors du regroupement de Porto Pollo.
Aussi, dans ce contexte, je suis content et fier
de véhiculer l’image de nos partenaires
. De
Corse GSM, avec nous depuis longtemps,
d’Oscaro.com, le numéro 1 de la pièce
détachée automobile, qui tous les jours, sur le
Mondial de l’Automobile, projetait un résumé
de la veille mis en images par Star Production.
Pirelli qui se sont rapprochés de nous au tout
dernier moment et qui a offert à tous les
concurrents une précieuse assistance et
proposé leurs nouveaux pneumatiques. Ces
partenariats sont la démonstration de notre
maturité. J’espère qu’ils sont contents. Je
voudrais également dire un mot et surtout
féliciter tous les préparateurs qui élèvent sans
cesse la préparation et le niveau de
présentation des voitures.

J’ai d’ailleurs un
regret. Lors de la remise des prix, on a
récompensé la petite 4CV, vaillante jusqu’au
bout. J’avais pensé récompenser aussi la
voiture la plus remarquable. Nous aurions
ainsi souligné le travail de Jean-Luc Bolla et de
Michel Faraut pour la CG-MC. Dans la
précipitation, on a oublié...Enfin, un grand
merci à tous les concurrents qui nous
encouragent dans nos folles aventures.

Déjà la tête à l’édition de 2013 ?

J’ai son parcours très précis en tête. Île-Rousse
sera de nouveau notre ville de départ et lors
de la première étape, on s’aventurera
probablement dans le cap Corse. Il y a des
épreuves vraiment magiques à ressusciter. On
retournera très certainement à St Florent, à
Porto, à Porto-Pollo. Il y aura un grand nombre
d’épreuves nouvelles.
Un petit scoop, le rallye
sera dédié à l’Alpine et au titre de champion
du monde décroché par la marque en 1973.
On fera tout pour avoir les pilotes et les
grands hommes de cette équipe Alpine auprès
de nous. Jean-Charles Rédélé a démontré que
la petite A110 était toujours aussi vaillante...

Texte : JBCom 92 /ALAIN BERNARDET
Photos : Fred Chambert, Cathy Dubuisson, Haasefoto

Site web : http://www.tourdecorse-historique.fr
ASA Terre de Corse Email

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